Au chapitre qu'il a consacré à Victor Massé (1) dans ses délicieux « Portraits et Souvenirs », Camille Saint-Saëns raille « certains Français qui semblent avoir pris pour devise : « Charité bien ordonnée commence par les autres » ». Observation si souvent vérifiée – et dont la musique de l’auteur d’Ascanio a beaucoup souffert ... On relève heureusement des exceptions, comme à l’Orchestre de Paris ce 3 mars. Dans le contexte sanitaire présent et du fait des bouleversements de la programmation qu’il entraîne, la phalange a lancé la série « Nouvelle Vague », destinée à mettre en lumière de jeunes chefs et solistes. En résulte ici un programme tout Saint-Saëns, dirigé par l’une des meilleures baguettes françaises de sa génération, Julien Masmondet (photo), avec à ses côtés trois remarquables jeunes solistes français.
 
Masmondet n’est certes pas un inconnu à l’Orchestre de Paris puisqu’il y a été chef assistant à l’époque de Paavo Järvi. En bien des circonstances il a depuis montré ses qualités, tant dans le répertoire symphonique qu’à l’opéra. Reste que, depuis la fin de sa collaboration avec la formation en 2014, on n’a pas souvent eu l’occasion de le retrouver à sa tête. Le programme qui s’annonce lui ira comme un gant, qui débute avec l’ouverture de la rare Princesse jaune(1872) (le premier ouvrage lyrique de Saint-Saëns (2)), suivie du fameux Concerto n° 2 pour piano (1868) dont la soliste, Marie-Ange Nguci, promet de libérer toute l’énergie et la luminosité. L’inoxydable Danse macabre assurera la transition vers le Concerto n° 1 pour violoncelle (1875), non moins prometteur sous l'archet de Victor Julien-Laferrière. Ce dernier s’unira pour conclure à celui d’Eva Zavaro dans le tardif et peu fréquenté duo concertant La Muse et le Poète (1910).
Si vous n’étiez pas disponible ce mercredi, notez que le concert demeure disponible à la réécoute jusqu’au 3 septembre.
 
Alain Cochard