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Julien Masmondet dirige Saint-Saëns à l’Orchestre de Paris (Streaming) – Plaisir rare
Marie-Ange Nguci © Mathias Benguigui Pasco
Ces qualités s’imposent d’emblée dans l’ouverture de l’opéra-comique La Princesse jaune, page charmeuse et évocatrice à souhait, gorgée d’un exotisme propre à la fin du XIXe siècle. Le temps de mettre le piano en place et c’est au tour du Concerto n° 2 – œuvre précoce, 1868, fruit de l’amitié entre son auteur et Anton Rubinstein – de résonner sous les doigts de Marie-Ange Nguci. Une fois de plus, ce petit bout de femme surprend par l’autorité de son propos. D’une sonorité pleine et riche – et bien aidée par le souffle de la battue de Masmondet –, elle sait dégager beaucoup d’arrière-plans dans une partition que d’aucuns réduisent parfois à une dimension trop digitale. Eva Zavaro tient ensuite la partie de violon solo de la Danse macabre et l’assume d’un archet racé, tandis que le chef soigne le relief et les climats évocateurs du plus fameux poème symphonique du maître français.
Victor Julien-Laferrière © Mathias Benguigui Pasco
Eva Zavaro © Mathias Benguigui Pasco
Un moment de bonheur sans mélange, à l’instar de l’ensemble d’un concert que referme le duo pour violon et violoncelle La Muse et le Poète (qui aura patienté cent onze ans tout de même avant d’entrer au répertoire de l’Orchestre de Paris ...), confié à E. Zavaro et V. Julien-Laferrière. C’est enfoncer une porte ouverte que de remarquer que l’ouvrage ne se situe pas au même niveau d’inspiration que 1er Concerto op. 33. Mais que de charme pourtant dans cette réalisation tardive (initialement destinée à E. Ysaÿe et J. Hollmann) quand elle est défendue par des interprètes de ce niveau, qui de surcroît ont le sexe, l’âge et le physique de leurs rôles respectifs, si l’on peut dire. Le chef fouille les timbres de la partition (le plaisir est palpable du côté de l’harmonie ...) et tisse le plus bel écrin à l’amoureux dialogue de ses deux solistes.
Puisse Julien Masmondet revenir vite à la tête de l’Orchestre de Paris, visiblement très heureux d’avoir renoué avec cet authentique artiste.
Quant au prochain rendez-vous de la série « Nouvelle Vague », il a lieu le 10 mars sous la direction de Corinna Niemeyer (avec pour solistes l’organiste Loriane Llorca et le claveciniste Jean Rondeau) et consiste en un « 100% Poulenc ». L’Orchestre de Paris prend décidément de très bonnes habitudes !
Alain Cochard
Prochain rendez-vous de la série « Nouvelle Vague » le 10 mars avec Corinna Niemeyer : live.philharmoniedeparis.fr/concert/1121944/orchestre-de-paris-corinna-niemeyer-100-poulenc-loriane-llorca.html
Photo © Mathias Benguigui Pasco
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