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La Belle Hélène au Grand Théâtre de Genève - Toute belle Véronique Gens - Compte-rendu
Entre deux concerts de Troyens divisés (1), La Belle Hélène prend place au Grand Théâtre. Au prétexte tout trouvé d’une même thématique mythologique ; puisque l’opéra-bouffe d’Offenbach annonce la guerre de Troie, éclatée dans l’opéra de Berlioz. Pourquoi pas ? Ce qui offre, de surcroît, un intermède divertissant pour occuper sa soirée genevoise dans l’entre-deux troyen.
© GTG / Carole Parodi
Sachant qu’il faut parfois savoir ne pas trop pousser le divertissement. Le bouffe offenbachien se suffit à lui-même, et trouve sa justification, sinon son excuse, dans sa musique. Pour La Belle Hélène, souvent inspirée. Y compris dans la charge, comme la charivaresque et savoureuse caricature de fanfare « allemande » (ici, étrangement biaisée). Au Grand Théâtre, le découpage de la pièce reste grosso modo respecté, hormis de petits passages tronqués. La musique un peu moins, qui bénéficie de l’arrangement superfétatoire d’un piano secondant un orchestre qui n’en a nul besoin. Et le supplantant parfois. Puisqu’il a été fait appel – fausse bonne idée – à un accompagnateur de variétés, Gérard Daguerre, qui ne se fait pas faute de distiller son talent, devant son clavier mais aussi par quelques incursions anachroniques façon jazz et rythmes latinos. Assez incongru. Bien que peu appuyé, fort heureusement.
Ce même Daguerre devait initialement diriger l’orchestre, l’Orchestre de chambre de Genève. Mais il a semblé préférable, et plus raisonnable, d’appeler en urgence à la rescousse Alan Woodbridge, par ailleurs chef du Chœur du Grand Théâtre et professionnel averti. La pâte sonore du rendu général lui doit beaucoup, dans sa cohésion et sa pertinence. Orchestre bien en place. Et chœur, celui du Grand Théâtre donc, en situation dans ses multiples interventions (La Belle Hélène, une œuvre pour chœur ?) ; bien que le meilleur revienne aux sections féminines.
Véronique Gens, triomphatrice de la soirée dans le rôle-titre, avec la vocalité sans faille qu’on lui connaît, et un entregent que l’on ne lui soupçonnait pas, a de qui répondre. C’est la réplique que lui donne Florian Cafiero, Pâris de technique idoine (et un contre-ut jeté comme en passant, entre d’autres brisés). Marc Barrard plante un Agamemnon d’une voix assurée, tout comme l’Oreste de Maria Fiselier, accompagnés par le Ménélas bien lancé de Raúl Giménez. On ne dira jamais assez combien Offenbach réclame de vrais chanteurs, rompus à la chose lyrique ! Patrick Rocca, excellent comédien par ailleurs, n’a donc pas exactement les moyens de baryton-basse que nécessite Calchas, en particulier lors de son imprécation alla Gluck.
Côté mise en scène, Robert Sandoz sait varier l’animation, entre des mouvements incessants de foule et de figurants, un décor de docks (pour faire moderne), un délire de costumes et falbalas qui n’est pas déplacé, et quelques bras ballants des solistes. Virevoltant et enjoué, comme de juste. On se serait, justement, bien passé de quelques répliques de Boulevard, étrangères au livret (des allusions à Merkel, la crise grecque, évidemment, ou « l’homme à la pomme » avec arbalète – Suisse oblige !). Mais qui semblent ravir le public. Pour un spectacle bien enlevé et mené, sans façon mais non sans défaut.
Pierre-René Serna
(1) Lire notre compte-rendu : www.concertclassic.com/article/les-troyens-au-grand-theatre-de-geneve-charles-dutoit-sur-ses-terres-musicales-compte-rendu
Offenbach : La Belle Hélène – Grand Théâtre de Genève, 16 octobre 2015, prochaines représentations les 23, 24 et 25 octobre 2015 / www.geneveopera.ch
Photo © Carole Parodi
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