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La Belle Hélène à Fouesnant - Piquant et fantaisie, en miniature - Compte-rendu
En tournée en Bretagne avant les représentations à l’Opéra de Rennes pour les fêtes de fin d’année, La Belle Hélène mise en scène par Vincent Tavernier est à géométrie variable. Monté en coproduction avec le Théâtre de Bienne Soleure en Suisse, l’opéra-bouffe d’Offenbach subit en effet des modifications de son effectif instrumental en fonction des lieux où il est donné, dans des arrangements du chef d’orchestre et de chœur Gildas Pungier. Celui proposé à Fouesnant consiste en une réduction très réussie pour cinq instruments (violon, flûte, clarinette, contrebasse et piano).
En grand amoureux d’Offenbach, le metteur en scène privilégie le caractère ludique de l’œuvre dans une scénographie de Claire Niquet délibérément simple et fluide, constituée de grands panneaux figurant les auteurs grecs, en particulier Homère. Des blocs rectangulaires représentant des livres surdimensionnés jaunis par le temps s’adaptent, se transforment au gré des événements en portes du temple, lit d’Hélène, île de la Mer Egée. Les rideaux ouverts ou fermés offrent ainsi des espaces d’une inventivité toujours renouvelée où l’antique rejoint le temps présent à l’instar des costumes d’Erick Plaza-Cochet mêlant les époques.
Les chanteurs participent avec allégresse aux rouages d’une mécanique de précision qui n’autorise pas de temps mort mais laisse aussi passer furtivement des moments de poésie. L’Hélène de la mezzo Julie Robard-Gendre possède du charme et de la sensualité malgré une voix un peu sombre pour le rôle (« On me nomme Hélène la blonde »), mais elle dame bien le pion aux hommes pris dans ses rets. Marc Larcher offre un Pâris séduisant, d’une belle clarté vocale dans ses différents airs. On citera également le Ménélas plus falot que nature d’Olivier Hernandez, le Calchas volontairement caricatural de Valéry Rodriguez. Une mention toute particulière pour l’Oreste de Marie-Paule Bonnemason entraînant toute la troupe dans un tourbillon effréné (les couplets d’Oreste).
La direction de Gildas Pungier met bien en valeur le piquant de l’œuvre, et les cinq musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne rivalisent d’élan et de dynamisme, réussissant à faire oublier la portion congrue de l’effectif instrumental. Les chœurs, très actifs et présents, scandent avec bonheur les péripéties de l’action (« Pars pour la Crète »), contribuant à conforter ce climat de fantaisie, de légèreté et d’ironie si cher à Offenbach et dont Nietzsche faisait son miel.
Michel Le Naour
Offenbach : La Belle Hélène - Fouesnant, l’Archipel, 29 novembre 2012
Prochaines représentations : au Grand Théâtre de Lorient, 27 et 28 décembre ; à l’Opéra de Rennes, 31 décembre, 1er, 3, 4 et 6 janvier 2013 ; au Carré Sévigné de Cesson Sévigné, 8 janvier ; au Théâtre du Pays de Morlaix, 11 janvier.
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Photo : Laurent Guizard
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