On a désormais pris l’habitude d’assister à des diffusions d’opéras, provenant souvent de l’autre côté de l’Atlantique, dans les salles de cinéma. L’association de ce cadre, d’une projection et d’une représentation lyrique « live » est en revanche totalement inédite et c’est ce à quoi la compagnie Winterreise du metteur en scène Olivier Dhénin invite du 10 au 12 mars à Paris, au cinéma L’Arlequin.

La Chute de la Maison Usher proposée par Winterreise en 2021 au Musée Henner a laissé à ceux qui l’ont découverte le souvenir d’un spectacle d’une rare force poétique qui résout la question de l’incomplétude de l’opéra de Debussy (en puisant dans les Préludes pour piano et les mélodies du compositeur) et parvient à ses fins avec une totale économie de moyens.(1)

Associé à Maison Dulac Cinéma, Olivier Dhénin a décidé de transporter les chanteurs et le piano dans une salle de cinéma et de tenter l’expérience d’un film, réalisé par ses soins, projeté en contrepoint de la musique, de la voix et du chant, mais qui, précise le metteur en scène, « se veut non linéaire ou illustratif de la représentation scénique, mais plutôt comme un objet visuel, scénographique, entremêlant off-stage, pensée intérieure, flashback, évocation... Tout ce que la scène du théâtre ne peut montrer. » Hormis l’ajout d’un intermède permettant d’évoquer la folie et la perdition de Madeline, on retrouvera le matériau de la Maison dans sa première mouture, tout comme ses remarquables interprètes : Anne-Marie Suire, Alexandre Artemenko, Bastien Rimondi, Olivier Gourdy, sans oublier Emmanuel Christien au piano.

« Ce qui est fabuleux avec cette Maison Usher, confie Olivier Dhénin, c'est qu'elle ne cesse de se renouveler quand je la reprends – c'est peut-être l'inachèvement de Debussy qui permet justement cela ... ». On s’impatiente de découvrir cette version nouvelle version amplifiée par l’écran.