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La Clemenza di Tito à l’Opéra de Paris - Clémence sans Titus - Compte-rendu
Reprise réussie : le spectacle très simple de Willy Decker réintroduit dans les statismes inhérents à l’opéra séria (et qui se rencontrent même dans le chef-d’œuvre qu’est la Clemenza) une vérité du théâtre de dilemme éclairée par une direction d’acteur très finement sentie. On voit Bérénice, princesse maure interdite à l’empereur par le Sénat, on voit les abandons successifs de Tito qui abdique devant le caractère implacable du pouvoir, ou voit l’amour contrarié de Vittelia, on voit surtout le trouble, la perdition de Sesto. Très beau travail, à notre avis cent coudées au-dessus du chromo des Hermann mornement remonté ici même durant l’ère Mortier. Seul bémol, l’incendie du Capitole, qui ne s’aperçoit pas, et un décor monumental – buste géant de Titus, hémicycle condamnant l’espace – qui ôte de la fluidité aux jeux de scène et plombe l’émotion.
Reprise réussie d’abord grâce à une distribution en or à une exception prés : qui a eu la fausse bonne-idée de proposer Tito à Klaus-Florian Vogt ? Son italien pitoyable lui fait débiter ses récitatifs au mètre - et Dieu sait si Mozart lui en a laissé avant de mourir ! -, la justesse est souvent mise à mal, la vocalise improbable. Et il y a pire : la voix s’est engorgée, les aigus jadis aussi solaires qu’intempérés se sont transformés en de pénibles nasales. On préfère oublier ce chant nigaud qui défigure le personnage.
Mais ailleurs, c’est le zénith ; chant dardé, aigus brillant, la Vittelia d’Hibla Gerzmava serait un modèle si on n’avait pas dans l’oreille et Janet Baker et Julia Varady. On admire son art, on aime son personnage, abandonnant toute noblesse devant la jalousie. Amel Brahim-Djelloul met un sourire tendre à sa Servilia, le mezzo sombre d’Allyson McHardy qui campe un Annio très prenant est une sacré découverte, et pour Publio, Balint Szabo, quel luxe !
Mais tous rendent les armes devant le Sesto tour à tour ardent et brisé de Stéphanie d’Oustrac, qui emporte la salle. C’est son triomphe, elle a trouvé son emploi et pourtant l’époque n’est pas avare de grands Sesto (Fink, DiDonato).
Toujours modestes et un peu ternes dans Mozart, les Parisiens sont au moins dirigés avec un certain sens du théâtre par Adam Fischer. C’est déjà cela, mais ce n’est tout de même pas assez.
Jean-Charles Hoffelé
Mozart, La Clemenza di Tito - Paris, Palais Garnier, le 12 septembre, prochaines représentations : 15, 20, 23, 26, 30 septembre, 5 et 8 octobre 2011
www.operadeparis.fr
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Photo : Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca
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