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La Clemenza di Tito à Marseille - Sous le signe de la jeunesse - Compte-rendu

La raison économique qui motive le recours croissant à la coproduction fait hélas souvent l’impasse sur les divergences techniques des différentes parties. La Clemenza di Tito commandée à David McVicar par le Festival d’Aix-en-Provence en 2011 constitue à cet égard un cas d’école. C’est que l’ouverture de la scène de l’Opéra de Marseille, où l’œuvre revient après vingt ans d’absence, représente à peine la moitié de celle du Théâtre de l’Archevêché. Du coup, l’élégante scénographie de praticables modulants se trouve bien à l’étroit, écrasée par un escalier peu pratique du reste pour les interprètes. Au moins la reprise du travail de l’Ecossais par Marie Lambert a-t-elle le mérite de se concentrer sur la peinture des sentiments, génie originel de l’opera seria, même si l’on aimerait une touche de Guardi dans ces vedute psychologiques quelque peu figées à la Canaletto.

On se consolera de ce relatif statisme théâtral par un remarquable travail sur la lisibilité des récitatifs, nonobstant leur sécheresse, et un joli plateau de jeunes interprètes – la moitié n’est pas trentenaire. Dans le rôle-titre, Paolo Fanale, voix moelleuse, lumineuse et impeccablement focalisée, fait preuve d’une belle sensibilité musicale, ainsi qu’en témoigne la finesse des nuances à la fin du « Se all’Impero ». On encouragera cependant le jeune ténor palermitain à libérer son émission pour gagner en rayonnement. Douée d’un authentique sens dramatique, Teresa Romano éclaire avec beaucoup d’acuité les facettes contradictoires du personnage de Vitellia. A vingt-sept ans, elle affirme des moyens vocaux conséquents et déjà de belles ressources expressives, au prix de couleurs parfois versatiles. Benjamine de la distribution, Clémence Barrabé incarne une Servilia juvénile et sémillante – un rôle qui lui sied comme un gant. Plus aguerrie, Kate Aldrich démontre en Sesto une homogénéité sans faille sur l’ensemble de la tessiture. L’Annio corseté de Christine Tocci laisse plus réservé. Quant au Publio campé par Josef Wagner, il correspond à ce que l’on attend du personnage.

Après une ouverture prometteuse, d’une belle vitalité polyphonique, la direction de Mark Shanahan se révèle tributaire d’un orchestre au fini peu tonique et inconstant – particulièrement dommageable au finale du premier acte, d’un rendu assez brouillon. Reste le mérite d’une baguette vigilante au plateau vocal, incontestablement le meilleur ambassadeur de cette Clemenza marseillaise.

Gilles Charlassier

Mozart : La Clemenza di Tito – Marseille, Opéra, 7 mai, prochaines représentations, le 12 mai 2013

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Photo : Christian Dresse
 

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