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La Flûte enchantée à l’Opéra de Lyon - Un conte merveilleux - Compte-rendu
Quelle est poétique cette Flûte enchantée concoctée avec malice par Pierrick Sorin et Luc de Wit avec leur trucs de vidéastes : un univers léger, plutôt conte pour enfants que parabole philosophique, où l’image est reine. Ils n’ont pas peur de faire le spectacle sous vos yeux, avec des caméras, certes, mais discrètes, et trois bouts de ficelle – un aquarium pour faire de l’eau certes, mais aussi du feu ou une pluie d’or, qui y aurait pensé ?
La tranquille magie de cette Flûte vraiment enchantée qui se dépouille avec allégresse de toute lecture symbolique pour habiter pleinement la fable est un vrai bonheur, que près de 25000 spectateurs ont pu suivre dans tout Lyon et dans plusieurs cités de la région Rhône-Alpes mais aussi sur les berges de la Seine à Paris, où comment l’opéra peut investir la ville. Avec ce spectacle sans façon, Serge Dorny refermait une saison qui a vu les vidéastes prendre le pas sur les metteurs en scène plus classiques : c’est un choix assumé. Mais pour autant Sorin et De Wit n’abandonnent pas leur art de directeur d’acteur et guident la jeune troupe du Studio de l’Opéra de Lyon menée avec brio par Jean-Paul Fouchécourt.
On adore Mauro Peter, ténor charnu, au phrasé galbé qui rappelle Fritz Wunderlich, pas moins ! Son assurance vocale, son timbre solaire en font déjà l’un des grands Tamino de sa génération. On fond devant le Papageno irrésistible de drôlerie et de tendresse de Philippe Spiegel, baryton aux assises profondes mais au timbre clair où les mots claquent et qui sera très vite un Figaro idéal, on aime la Reine de la Nuit plus angoissée que terrifiante selon Sabine Devieilhe, vocalise parfaite, couleur ambrée, mots encore un peu flous. Johannes Stermann met sa basse creusée, impressionnante pour un Sarastro plus despote que souverain éclairé. Le Monostatos délirant de Rémy Mathieu, la Papagena à la jolie voix sucrée de Caroline MacPhie, des Dames parfaitement appariées, des enfants ravageurs, tous font un spectacle décidément attachant que la direction trop cernée de Stefano Montanari asphyxie. Dommage qu’un tel écueil viennent minorer notre plaisir car enfin la Flûte retrouvait avec toutes les possibilités de la technologie l’univers du théâtre populaire, du conte merveilleux voulu par Schikaneder.
Jean-Charles Hoffelé
Mozart : La Flûte enchantée - Lyon, Opéra, le 4 juillet, dernières représentations les 8 et 9 juillet 2013.
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Photo : Stofleth
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