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La Passion selon Marc de Michaël Levinas sous la direction de Maxime Pascal (Streaming) – Triptyque de la réconciliation — Compte-rendu
Bien que destinée à un orchestre et à un chœur « de chambre », l’œuvre n’en fait pas moins appel à de nombreuses percussions et à plusieurs claviers (orgue, piano, célesta), et l’écriture du chœur sollicite 36 voix séparées. Pour cette première interprétation dans la capitale (la création française était intervenue en 2018 dans le cadre du festival de La Chaise-Dieu), on retrouvait les solistes vocaux et le pianiste Nicolas Chevereau (au célesta également), présents dès le départ, mais tout autour d’eux était nouveau, le chef, l’orchestre et le chœur.
© Gil Lefauconnier
Succédant à l’Orchestre de chambre de Lausanne, présent pour la création mondiale et pour la création française, l’Orchestre de chambre de Paris a su s’approprier cette partition pleine de tensions, guidé par la direction souple mais énergique de Maxime Pascal (photo) qui en épouse toute la rhétorique contrastée. D’abord limité à ses pupitres masculins au début de ce « Mur des Lamentations » qu’est le premier volet du triptyque, le chœur Le Balcon peut s’appuyer sur une solide expérience de la musique de notre temps pour mener à bien une entreprise qu’on imagine ardue, avec un saisissant effet de spatialisation, les artistes étant répartis sur la totalité du fond de scène, au-dessus de l’orchestre, de jardin à cour.
Des quatre principaux solistes vocaux (plusieurs membres du chœur sont appelés à déclamer quelques phrases en tant que solistes, notamment Guillaume Gutierrez en Pierre ou Halidou Nombre en Judas), la soprano est finalement la moins gâtée, Magali Léger étant limitée au registre de « l’imploration » dans le rôle de Marie. En Jésus, Mathieu Dubroca dispose de bien davantage d’occasions d’impressionner l’auditeur, avec des moments particulièrement dramatiques comme la Cène. Pas de ténor en guise d’évangéliste, mais un contre-ténor, en l’occurrence un Guilhem Terrail dont la pureté de timbre n’exclut absolument pas la force d’émotion dans les nombreux monologues à lui confiés. Et il revient à la mezzo-soprano Marion Grange, après avoir incarné Marie-Madeleine, de conclure l’œuvre en avançant vers un dépouillement progressif : des deux « lieder » sur des textes douloureux de Celan, le premier est interprété avec un orchestre réduit au piano, à la harpe et à deux flûtes, et le second est donné entièrement a cappella. Et c’est sur un murmure que s’achève cette œuvre puissante, après avoir traversé bien des moments de bruit et de fureur.
Laurent Bury
Diffusion le 5 mai 2021 sur France Musique
Photo © Nieto
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