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Le Banquet Céleste au Festival de Beaune - Autre victoire - Compte-rendu
La deuxième soirée du Festival de Beaune réserve une surprise de taille. Avec un ensemble peu habituel mais de premier choix : le Banquet Céleste, mené par son mentor, Damien Guillon. Ensemble qui inaugure ainsi, et on ne peut mieux, une résidence de trois ans au festival. Damien Guillon n’est plus à présenter, contre-ténor reconnu dans les différents territoires de la planète baroque. Mais sa formation instrumentale le serait davantage, née en 2006, et née de différentes rencontres (avec notamment le violoniste Baptiste Lopez), que l’on a peu souvent entendu en dehors de quelques festivals spécifiques.
Le programme de ce concert parle déjà de l’originalité de l’entreprise ; réunissant des pages religieuses de Vivaldi (Filae maestae Jerusalem, Stabat Mater, Nisi Dominus) et d’Alessandro Scarlatti (Infirmata vulnerata), pour ainsi dire inconnues. Et qui méritent d’un retour de renommée, mieux par exemple que certaines scies concertantes et rabâchées du fameux Prêtre Roux.
Guillon est le prêtre de cet office, lançant sa voix aérienne, d’une ductilité sans faille, comme un instrument de plus parmi ceux de l’ensemble qu’il dirige. Les sept instrumentistes stipulés jouent sur d’autres cordes, du clavecin au luth et quintette à cordes, dans un accord parfait. Baptiste Lopez, l’autre tête pensante du concert, s’offre même le luxe de troquer un instant son premier violon pour une viole d’amour (instrument « séraphique » selon le mot de Berlioz, proche de l’alto agrémenté de cordes sympathiques), dans le Gloria (si peu glorieux, mais plutôt intimiste) du Stabat Mater vivaldien, pour un mélancolique dialogue avec le contre-ténor. Page étonnante, chez un compositeur plus célèbre pour ses traits de virtuosité. Et page redoutable, pour mener le soliste instrumental à un brusque changement de registre et de matériau, sans aucun échauffement (malgré la canicule), mais à l’appui d’un talent peu ordinaire. Céleste, oui vraiment ! Et un Banquet à honorer.
Mentionnons aussi le lendemain, en clôture de ce riche premier week-end du festival, les Vêpres de Monteverdi transmises par le Concerto Italiano. Avec le savoir-faire de Rinaldo Alessandrini, qui n’est lui plus à présenter, impeccable dans les grands moments d’ensemble, même si les parties en solo du madrigalesque monteverdien conviennent parfois moins aux chanteurs de la troupe.
Pierre-René Serna
Le Banquet Céleste – Festival de Beaune, 4 juillet Site du Banquet Céleste
Concerto Italiano – Festival de Beaune, 5 juillet 2015
Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune, jusqu'au 25 juillet 2015 / www.festivalbeaune.com
Site du Banquet Céleste : banquet-celeste.fr
Photo ( Baptiste Lopez et Damien Guillon) © Philippe Léglise
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