La chose n’est pas pour surprendre venant de tels défricheurs de répertoire : Michel Piquemal (photo) et son Chœur régional Vittoria d’Île-de-France se sont pris de passion pour la production de Martial Caillebotte (1853-1910) ; «  frère oublié » du peintre Gustave Caillebotte (1848-1894). Après un enregistrement remarqué de la Messe solennelle de Pâques (1), Piquemal et ses troupes ont décidé de poursuivre l’exploration du legs d’un compositeur particulièrement attachant. Artiste discret, à l’abri des soucis matériels grâce à la fortune dont il avait hérité de son père, il n’eut pas comme d’autres confrères à se battre pour imposer son nom et se mettre à l’abri des soucis matériels. Mais, navré pour les amateurs de clichés misérabilistes, leur absence n’exclut aucunement le talent. A preuve les trois partitions que, après la Messe solennelle, un nouveau CD dirigé par Michel Piquemal permet de découvrir : le Dies Irae, le Psaume 132 et Une Journée.
 
La sortie de cet enregistrement était l’occasion pour le Chœur Vittoria et son chef, l’Orchestre Pasdeloup et la belle brochette de solistes du disque (Karine Deshayes, Clémentine Margaine, Philippe Do, Boris Michajliszyn (3) et Rudi Fernández-Cardenas) de présenter en concert le Dies Irae et le Psaume 132. Souffle, équilibre de la masse chorale, sens de l’image et des contrastes : on comprend l’enthousiasme de Michel Piquemal pour un compositeur qui fait entendre une voix singulière et jamais convenue. Vraie chance pour elle que sa redécouverte soit l’œuvre d’artistes aussi convaincus ! Caillebotte n’a pas à rougir de la comparaison avec certains contemporains, tel Fauré dont l’inoxydable Requiem occupait la seconde partie du concert dans interprétation de très belle tenue.
 
Alain Cochard
(1)1 CD Sisyphe 020
(2) 1 CD Hortus / H. 117
(3) Le ténor est par ailleurs chef associé du Chœur Vittoria
 
 
 Paris, Eglise Saint-Eustache, 16 janvier 2015