Né sous le signe du théâtre en 1928, le Festival des Nuits de la Citadelle a très tôt fait place à la musique – Ninon Vallin y chanta Carmen dès 1938 – et celle-ci constitue depuis un long moment déjà l’axe principal d’une programmation qu’Edith Robert, la directrice artistique, conçoit de manière pluridisciplinaire, mêlant un peu de théâtre et de danse à beaucoup de musique. Si le Théâtre de la Citadelle demeure le cadre principal des divers rendez-vous, d’autres lieux sont investis, telle la Cathédrale Notre-Dame des Pommiers, très adaptée au programme vocal que défendent Hervé Niquet (photo) et son Concert Spirituel (le 6 août).

Cap sur Salzbourg avec un original choix d’œuvres où l’on retrouve le compositeur à l’époque de la grande synthèse des acquis de son enfance voyageuse. Dès 1774, Mozart donna naissance aux Messes brèves KV 192 et 194, deux exemples de sa précoce maîtrise et de l’approfondissement de son écriture vocale retenus par les interprètes avec, en guise de transitions instrumentales, les charmantes Sonates d’église KV 225 et 328 (de 1776 et 1779 respectivement). Mais c’est toutefois par un ouvrage tardif de l’auteur – et l’une de ses pages les plus fameuses–, l’Ave Verum Corpus KV 618 (1791), que se refermera la partie mozartienne du concert.

Reste que le voyage à Salzbourg offre l’occasion de se souvenir de la profonde amitié qui liait Mozart à son aîné Michael Haydn (1737-1806) : de ce merveilleux musicien (chez qui Mozart a beaucoup appris), trop rare dans les concerts, Hervé Niquet dirige l’Offertoire « Suub tuum praesidium » MH 654 et l’Ave Verum en fa majeur. Et pour que le panorama de la musique autrichienne de la fin du XVIIIe siècle soit vraiment complet, Joseph Haydn est également convié avec l’Offertoire « Non nobis Domine », l’Alleluia tiré du Motet « O coelitum beati » et le précoce Te Deum n° 1.

Une belle soirée hors des sentiers battus se profile. Enfin, n’oubliez pas que la fête musicale se prolonge jusqu’au 13 août à Sisteron et que le concert Beethoven, Stravinsky, Dvorak du Quintette à cordes de la Philharmonie de Berlin (le 9) ou la soirée de clôture, confiée à l’archet de la remarquable Sayaka Shoji et à l’Orchestre Symphonique de Hongrie-Miskolc dirigé par Mátyás Antal, méritent eux aussi le détour.

Alain Cochard

Le Concert Spirituel, dir. Hervé Niquet
Œuvres de Mozart, J. et M. Haydn
6 août 2018 – 21h30
Sisteron – Cathédrale Notre-Dame des Pommiers
Concerts jusqu’au 13 août 2018 : www.nuitsdelacitadelle.fr

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