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Le disque de la semaine - ​« Conversations » par Nevermind / Œuvres de Quentin & Guillemain

« Conversations » par Nevermind / Jean-Baptiste QUENTIN : Concerto à quatre parties, Œuvre XII (Largo) - Sonate IV à quatre parties, Œuvre VIII - Sonate V en trio, Œuvre X / Louis-Gabriel GUILLEMAIN : Sonate III, Premier Livre de Sonates en quatuors -Sonate IV, Second Livre de Sonates en Quatuors. (1CD Alpha 235)
 

 
Un régal ! Nous ne sommes qu’au printemps, mais c’est déjà dans un savoureux fruit de fin d’été, gorgé de soleil, que l’on a l’impression de croquer en découvrant le disque de Nevermind ; ensemble constitué d’Anna Besson (flûte), Louis Creac’h (violon), Robin Pharo (viole de gambe) et Jean Rondeau (clavecin), quatre jeunes instrumentistes bourrés de talent qui font équipe depuis l’époque de leur études au Conservatoire National Supérieur de Paris.
 La popularité du claveciniste contribue certes à mieux faire connaître Nevermind, mais dès avant sa « Révélation »  aux Victoires de la Musique et son magnifique récital « Vertigo » (œuvres de Royer et Rameau, chez Erato), sorti il y a peu, le public avait eu l’occasion de prendre la mesure des qualités de la formation à laquelle Rondeau appartient. On se souvient d’une apparition remarquée en janvier 2015 à Paris dans la saison de « Jeunes Talents » de l’Hôtel de Soubise – où, une fois de plus, les organisateurs devançaient le succès plutôt que de courir après.
 

 Jean-Baptiste Quentin : Quatuor, Sonata III, Œuvre XV (allegro, ext.)
 
Pour son tout premier enregistrement, Nevermind fait le choix de la rareté avec deux compositeurs totalement méconnus : Jean-Baptiste Quentin (vers 1690-vers 1750) et Jean-Baptiste Guillemain (1705-1770) ; un projet pour le moins singulier que les interprètes ont pris tout le temps de mûrir dans le cadre de leur résidence l’Abbaye aux Dames de Saintes.
De la vie du sieur Quentin on sait bien peu (ses dates restent incertaines), mais il demeura longtemps en activité au sein de l’orchestre de l’Académie royale de musique. Quant à Guillemain, après des études en Italie avec Somis, il fut premier violon à l’Académie de musique de Dijon, puis devint « Musicien ordinaire de la Chapelle et de la Chambre du Roi » en 1737. Etrange fin que celle de ce virtuose de l’archet : on le retrouva mort à Chaville en octobre 1770, le corps lardé de quatorze coups de couteau...
 

© Edouard Bressy

Les deux compositeurs laissent nombre de sonates dont Nervermind offre quelques exemples qui illustrent à merveille le constat de Jean Saint-Arroman dans sa notice de présentation : « la Régence a développé un goût pour l’union des styles français et italien. Mais chez Quentin et Guillemain, le style italien domine le style français. »
Deux petits maîtres ? Sans doute, mais avec quelle merveilleuse complicité – véritable osmose dans le geste instrumental –, quelle profonde identité sonore Nevermind parvient-il à exprimer le charme profond, la tendresse et les envolées lumineuses des partitions qu’il a entrepris de nous faire découvrir.

Aussi inattendu qu’abouti, ce disque ne peut qu’inciter à retrouver la formation en concert à l’église des Billettes le 22 avril. Quentin et Guillemain sont évidemment conviés, mais François Couperin et Telemann leur tiennent compagnie. La fête promet d’être belle.
 
Alain Cochard

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Nevermind
Œuvres de Couperin, Marin Marais, Quentin et Guillemain
22 avril 2016 – 20h30
Paris – Eglise des Billettes
philippemaillardproductions.fr

le disque de la semaine 6789

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