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Le Disque de la Semaine – «Jardin féerique » par le chœur Les Métaboles (1 CD #NoMadMusic) – Compte-rendu
On s’était entretenu avec le chef dans les premiers jours de mars, en prévision du concert qui, le 28, aurait dû célébrer la sortie de «Jardin féerique ». Partie remise, mais le disque est dès à présent disponible (2) et on ne peut que chaudement recommander à tous les amateurs de ce répertoire de s’y plonger ; il fera leurs délices !
Comme souvent avec les programmes que bâtit Léo Warynski, tout est parti d’un coup de cœur pour une pièce, en l’occurrence l’arrangement du Jardin féerique de Ravel (sixième et dernière pièce de Ma mère l’Oye, pour piano à quatre mains), une adaptation de Thierry Machuel sur un texte signé Benoît Richter. «L’idée du jardin m’a séduit, confie le chef, et c’était l’occasion d’aborder au disque la musique française, après un premier enregistrement occupé par des auteurs russes (« Mysterious Nativity », chez Brilliant Classics – 2013 ndr) et un deuxième de couleur américaine. J’avais très envie d’enregistrer les Trois chansons de Ravel, données à plusieurs reprises par Les Métaboles en concert, et puisque nous commencions le programme par un arrangement d’une pièce pour piano de Ravel, j’en ai profité pour en ajouter un autre, par Clytus Gottwald celui-là : La vallée des cloches » (sur un texte de Verlaine ndr).
A côté des célèbres Chansons de Ravel, Léo Warynski a tenu à placer des aspects plus méconnus du répertoir choral français, tels ces chœurs de Saint-Saëns (Romance du soir, Des pas dans l’allée, Les Fleurs et les Arbres, Calme des Nuits). «Saint-Saëns, note pertinemment le chef, occupe un position particulière dans l’histoire ; il a toujours été devancé par quelqu’un de plus avant-gardiste que lui et, de ce fait, sa musique est parfois déconsidérée. Une pièce telle que Des pas dans l’allée présente pourtant un côté pré-fauréen, des harmonies étranges, et trouve toute sa place auprès de Ravel. »
De Paris à Londres le voyage est vite fait : Léo Warynski a profité de « Jardin féerique » pour enregistrer l’une des plus belles pièces chorales a cappella du XXe siècle: Hymn to Saint Cecilia de Benjamin Britten (une composition de 1940). « In a garden shady this holy lady... » : l’Opus 27 du compositeur britannique s’intègre idéalement à la thématique du « Jardin féerique », d’autant que Warynski et ses troupes le restituent avec une sensibilité qui traduit de la plus pure et frémissante façon la sensibilité littéraire du musicien face aux vers d’Auden.
Comme pour les méconnus Saint-Saëns placés à côté de Ravel, la fameuse Ode à Sainte-Cécile de Britten a fourni à Léo Warynski le prétexte pour introduire une rareté, du même auteur, les Five Flower Songs, merveilleuses miniatures (de 1950) que les interprètes cueillent avec autant de poésie que de sens des caractères.
Une rareté encore en conclusion : Miniwanka or the Moments of Water, pièce étonnante (de 1971, rév. 1995) entre langue anglaise et langues améridiennes. On doit ce véritable hymne à « l’eau qui ne meurt jamais » au Canadien Raymond Murray Schafer (né en 1933), compositeur très attaché aux questions écologiques. Redoutable techniquement, la partition montre la fabuleuse palette sonore des Métaboles et referme « Jardin féerique » sur des préoccupations très contemporaines.
Alain Cochard
(Entretien avec Léon Warynski réalisé le 5 mars 2020)
(1) #NoMadMusic NMM065 /nomadmusic.fr/shop/jardin-feerique
Site des Métaboles : lesmetaboles.fr/fr
Photo © Manuel Braun
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