L'opéra français du XVIIIe siècle ne se réduit pas aux ouvrages de Rameau. Si François André Danican Philidor (1726-1795) a aujourd'hui disparu des scènes, il fut un prolifique auteur fêté par ses contemporains. Créé en 1761, l'"opéra bouffon" Le Maréchal-Ferrant est à l'affiche de la Péniche Opéra. On doit cette résurrection à L'Ensemble Almazis de Iakovos Pappas.

Philidor ? Lequel ?, demanderont les plus au courant de l'histoire de la musique française. Un coup d'œil à un dictionnaire un tant soit peu complet permet en effet de constater que l'on a affaire à une véritable dynastie de musiciens, parmi lesquels figure Anne Danican Philidor (1681-1728), fondateur du Concert spirituel en 1725. C'est en fait le demi-frère de ce dernier François André Danican qui est l'honneur à la Péniche Opéra à partir du 9 novembre avec l'"opéra bouffon" Le Maréchal-Ferrant.

Créé en 1761, l'ouvrage se situe à l'orée d'une carrière qui, de 1759 à 1788 vit naître près d'une vingtaine d'opéras, de genre comique pour la plupart. Six personnages et un effectif instrumental très réduit : l'économie de moyens dont témoigne Le Maréchal-Ferrant s'explique par le fait qu'il fut conçu pour le Théâtre de la foire St Laurent. Opéra de tréteaux, il "manifeste une volonté de retrouver quelque chose de frugal", note Iakovos Pappas, claveciniste et chef de l'Ensemble Almazis, à qui l'on doit cette résurrection. "On y trouve une forme de réaction contre la complexité de la tragédie lyrique et une façon de renouer avec l'esprit de ce que l'on faisait au XVIIe siècle dans la comédie-ballet - mais Le Maréchal-Ferrant ne comporte pas une once de danse, c'est ce qui le distingue de ce genre. Si l'effectif est léger et la simplicité omniprésente, on a affaire à une partition très soignée avec des ensembles d'une qualité rare." "Ce vaudeville campagnard est un véritable OVNI du répertoire lyrique", conclut I. Pappas !

Voilà qui ne pouvait que séduire Paul-Alexandre Dubois, interprète (il tient le rôle du maréchal-ferrant) mais aussi metteur en scène de l'ouvrage ! "Les protagonistes du Maréchal-Ferrant ne s'écoutent pas les uns les autres, ils sont animés par des pulsions très simples et très fortes - on a affaire à des personnages archétypaux dans l'expression des sentiments. Il faut attendre la fin de l'œuvre pour que le dialogue de sourds cesse et que les protagonistes se regardent avec plaisir et acceptation", remarque celui qui confie avoir cherché à offrir "un cadre simple à une histoire d'une grande force".

Après le coup de maître de P.A. Dubois dans le désopilant Opéra de Quatre Notes de Tom Johnson, l'envie n'est que plus grande de découvrir sont travail dans une production dont la distribution réunit pour neuf représentations le baryton et metteur en scène, Catherine Radlo, Angéline Danel, Vincent de Rooster, Benoît Porcherot et Antoine Chauveau. Marcel, maréchal-ferrant, est servi par sa sœur Claudine et sa fille Jeannette. Celle-ci est amoureuse de Colin, mais sa tante à décidé de lui donner pour époux La Bride, oncle de Colin… Suite sur la Péniche Adélaïde du 9 au 26 novembre !

Alain Cochard

Le Maréchal-Ferrant. Les 9, 11, 12, 17, 18, 19, 24, 25 & 26 novembre à 20 h 30 La Péniche Opéra. Programme détaillé

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