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Le Médecin part en tournée - Une interview de Catherine Huet, administratrice de l’Unité Scénique de Royaumont
Donné en version de concert à Royaumont en septembre dernier, le délicieux opéra comique Le Médecin malgré lui de Gounod arrive, mis en scène par Sandrine Anglade, à la Maison de la Culture d’Amiens – coproductrice du projet avec l’Unité Scénique de Royaumont et l’Orchestre de Picardie. A cette occasion, concertclassic a interrogé Catherine Huet, administratrice de L’Unité Scénique de Royaumont.
Quel est le rôle de l’Unité Scénique de Royaumont ?
Catherine Huet : « Ce nouveau département est né assez récemment, en 2005, et constitue une prolongation du Centre de la Voix qui forme les jeunes chanteurs. Cette extension permet de former les artistes à la scène, de leur faire rencontrer les différents métiers de la scène (metteurs en scène, techniciens, scénographes, costumiers, etc.) et de travailler à Royaumont sur cette formation. L’Unité Scénique a aussi pour objet l’accompagnement des jeunes chanteurs dans un but d’insertion professionnelle et chaque projet fait par conséquent l’objet d’une diffusion. »
Comment l’Unité fonctionne-t-elle de manière concrète ?
C.H. : « Chaque année un projet naît au sein de la Fondation Royaumont, soit sur une œuvre méconnue du répertoire, soit sur une œuvre qui existe dans le fonds de la Bibliothèque musicale François-Lang(1), soit sur une commande passée à un jeune compositeur. En fonction du choix on contacte ensuite un metteur en scène, en tout cas un artiste qu’on considère apte à porter le projet.
Pour vous donner un exemple, en 2007 nous avons eu ce très beau projet du Cadmus et Hermione de Lully qui a été en formation à Royaumont. Il était confié à Benjamin Lazar pour la mise en scène et au Poème Harmonique pour le travail avec les chanteurs et les danseurs. S’agissant de Cadmus et Hermione, la diffusion était une tâche vaste et un peu trop lourde malheureusement pour Royaumont puisque nous sommes une petite structure (je travaille seule sur l’Unité Scénique) et c’est donc ensuite l’Opéra Comique, principal coproducteur, qui a porté le projet à la production et à la diffusion, mais tout le volet formation a été soutenu par la Fondation Royaumont. C’est une forme de luxe que d’avoir du temps pour se former, pour réfléchir, pour explorer des pistes de mise en scène, de travail avec les chanteurs ; ce qui n’est pas le cas de beaucoup de productions où il faut être « efficace » bien plus rapidement. Les jeunes chanteurs se préparent sur trois périodes d’une dizaine de jours à chaque fois, avec un temps suffisamment long entre les étapes pour pouvoir permettre une maturation du travail.
Des projets plus légers peuvent être montés en formation et en création à Royaumont, ce qui sera le cas cette année avec le Zémyr et Azor de Grétry dont la formation débute en ce moment et de prolongera jusqu’en août. Le spectacle sera créé à Arques-la-Bataille, mais on peut le donner à Royaumont car il s’agit d’une petite forme qui ne nécessite pas de fosse et de coulisses et pour lequel nous disposons d’un équipement technique suffisant. Dans ce cas précis Royaumont est porteur du projet, producteur et accompagne le travail des jeunes chanteurs dans leur évolution de carrière. Ce qui est formidable, c’est que bien souvent ces jeunes sont engagés assez rapidement après par les compagnies ou les orchestres qui ont fait les formations. Cela veut dire pour nous que le pari de l’insertion professionnelle est gagné. »
Comment s’est déroulée la collaboration avec la Maison de la Culture d’Amiens pour Le Médecin malgré lui que l’on découvrira les 4 et 6 mai dans une mise en scène de Sandrine Anglade ?
C.H. : « Le Médecin malgré lui a été présenté en septembre dernier en version concert à Royaumont. Les chanteurs avaient toutefois déjà reçu une formation théâtrale à la Fondation. Bien qu’en version concert, le spectacle fonctionnait déjà bien théâtralement parlant, les chanteurs incarnaient vraiment leur personnage.
Le Médecin malgré lui fera l’objet d’une quinzaine représentations sur 2009(2). La Maison de la Culture d’Amiens est coproductrice de ce spectacle et nous accueille en résidence. Nous avons effectué tout le montage du spectacle là-bas et, depuis lundi dernier, sur le plateau nous disposons de conditions idéales de travail avec toute l’équipe technique. L’Orchestre de Picardie, avec lequel nous collaborons régulièrement depuis plusieurs années, va nous rejoindre bientôt pour finaliser cette production. Là encore nous avons eu la chance d’avoir du temps pour préparer, pour explorer, pour éventuellement abandonner certaines petites choses pas tout à fait pertinentes par rapport à la direction que Sandrine Anglade souhaite prendre dans sa mise en scène. »
Propos recueillis par Alain Cochard, le 24 avril 2009
(1) Acquise par la Fondation Royaumont en 2007, grâce au mécénat du groupe Métro, cette bibliothèque riche d’environ 1300 titres (manuscrits et imprimés) allant du XVIe au XXe siècle avait été constituée par le pianiste et collectionneur François Lang (1908-1944). L’opéra français et la musique pour clavier y occupent une place privilégiée
(2) Amiens, puis Saint-Quentin-en Yvelines, Creil, Compiègne (à confirmer), Dijon, Cergy-Pontoise, Massy ( à confirmer) et Lille.
Charles Gounod : Le Médecin malgré lui
Avec Olivier Naveau, Marie-Paule Bonnemason, Bertrand Bontoux, Sevan Manoukian, Olivier Hernandez, Joëlle Charlier, Julien Picard, Sacha Michon, Thierry Mettetal. Orchestre de Picardie, dir. Pascal Verrot. Mise en scène Sandrine Anglade.
Maison de la Culture d’Amiens. Le 4 mai à 19h30, le 6 mai à 20h 30
> Lire le compte-rendu de Jacques Doucelin
> Voir la vidéo de la Fenêtre sur cour à Royaumont du Médecin malgré lui.
> Lire les autres articles d’Alain Cochard
Photo : Michel Chassat
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