Le mouvement de redécouverte de compositrices oubliées qui se dessine depuis quelque temps réserve bien des surprises - et stimule la curiosité des interprètes ! Le Quatuor Cambini-Paris (photo, Julien Chauvin, Karine Crocquenoy, Pierre Eric Nimylowycz & Atsushi Sakai), nous entraîne du côté du violon et de l'Italie avec Maddalena Laura Sirmen Lombardini (1745-1818). Du côté de l’Italie et de l’Angleterre car si l'artiste vit le jour à Venise en 1745 et y développa ses talents de violoniste et de compositrice, grâce aux leçons de Giuseppe Tartini en particulier, c'est hors de la péninsule qu'elle se fit connaître à partir de 1767, date de son mariage avec le violoniste Ludovico Sirmen. Après Paris, le couple se rendit à Londres où l’artiste s'attira force éloges pour la pureté de son jeu autant que les qualités de ses compositions, pleines fraîcheur, de charme et caractéristiques du classicisme naissant – ce dont un enregistrement des 6 Concertos op. 3 sous l’archet de Piroska Vitárius, au côté du Savaria Baroque Orchestra, pour Hungaroton (2007) permet de se faire une idée.
 
Outre des concertos, Maddalena Laura Sirmen Lombardini laisse plusieurs recueils de musique de chambre parmi lesquels six quatuors. Du 2e, en si bémol majeur, les Cambini ont retenu deux mouvements pour préluder à un concert qui se poursuivra très naturellement avec Haydn (le Quatuor op. 33 n° 5 « How do you do ? ») et Mozart (l’ultime KV 590 en fa majeur). Un programme où l’intelligence stylistique des interprètes promet de faire merveille en ouverture de l’édition 2021 du Festival de Quatuors du Luberon, la première que signe le Quatuor Zaïde en tant que directeur artistique de la manifestation.
 
Alain Cochard