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Le Quatuor Van Kuijk fête ses dix ans aux Bouffes du Nord – Emotion et élégance – Compte-rendu
Quatre au départ … et dix à l’arrivée : pas seulement en termes d’années pour ce concert-anniversaire, mais aussi en termes de musiciens présents sur le plateau. On aura pu être plus narcissique pour fêter un tel événement. Mais non ! Fêter son dixième anniversaire de la sorte, en faisant la part belle à quelques rencontres, et aux « anciens », signe l'élégance du Quatuor Van Kuijk.(1) Elégance qui est la marque du style déployé par ces quatre musiciens, tout le concert durant.
Boccherini avec Sean Shibe à la guitare et Anthony Kondo ... aux castagnettes ! © DR
Et pourtant, il faut l’avouer, à la lecture du programme, avec ces enchaînements de mouvements séparés d’œuvres n’ayant aucun rapport entre elles, on s’était assis en se demandant bien quelle émotion allait bien pouvoir s’installer. C’était sans prendre en compte le formidable animateur de cette longue après-midi qu’était Sylvain Favre-Bulle, le 2ème violon du groupe. Entre chacun des huit extraits( Mozart, Fauré, Poulenc, Castelnuovo-Tedesco, Boccherini, Dvorak, Attahir, Tchaïkovski) qui scandèrent ce concert après le dernier quatuor de Mendelssohn, lui joué dans son intégralité, Sylvain donnait exactement ce qu’il fallait d’information sur les pièces, leur pourquoi dans ce concert, et surtout, les conditions de la rencontre avec chacun de leurs quatre premiers invités.
Entre Eva-Nina Kozmus (flûte) et Adrien La Marca (alto) – avec qui les Van Kuijk ont enregistré un magnifique doublé de quintettes de Mozart – on a entendu l’extraordinaire suavité de Ludmilla Berlinskaïa (la fille d’un des plus grands violoncellistes de l’histoire du quatuor, Valentin Berlinsky) dans Dvorak, et découvert avec Sean Shibe que la guitare était peut-être l’instrument « autre » le plus grisant, le plus subtil, le plus poétique à se fondre dans un quatuor à cordes ! A tel point qu’à l’entracte, nous étions plusieurs nous dire qu’entendre ce Quintette op. 143 de Mario Castelnuovo-Tedesco en entier aurait été un grand plaisir. Partie remise, espérons-le…
Et dans sa manière si séduisante, légère et gracieuse de présenter ce parcours de ces dix années, Sylvain termina en beauté, en introduisant deux des « anciens » du groupe, Grégoire Vecchioni (le premier altiste) et François Robin, qui en fut le 2ème violoncelliste, avec une émotion contenue parfaitement palpable, à laquelle s’enchaîna, en sextuor, un Tchaïkovski de feu. Un bis à dix (une transcription d’une pièce de Satie), couronna ce concert on ne pouvait plus sympathique et intense, très chaleureusement applaudi.
Stéphane Goldet
(1) Nicolas Van Kuijk, Sylvain Favre-Bulle, Emmanuel François & Anthony Kondo
Paris, Bouffes du Nord, 4 décembre 2022
Photo © Sylvain Gripoix
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