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« Le sacré printemps de Stravinsky » par l’Orchestre-Atelier OstinatO à Vincennes - Florilège inusité - Compte-rendu
Le titre du concert, assez mal trouvé, est trompeur. Car c’est un programme particulièrement original et attachant que livre, dans son auditorium d’élection de Vincennes, cette soirée de la série « Prima La Musica ! ». Qu’on en juge : Ragtime, le très rare Concerto pour piano et instruments à vents et la Symphonie d’instruments à vents de Stravinsky ; et plus rares encore : Octandre de Varèse, la Symphonie de chambre n°5 de Milhaud et quatre extraits du ballet Le Dit des jeux du monde d’Honegger (qui connaît ?). Autant de pages des années 20 mises en regard, sous le haut patronage du génial Igor.
Et autant de pièces d’une virtuosité extrême pour l’orchestre, avec ses vents individualisés, comme pour le soliste. Celui-ci, Alexander Yakovlev (photo), est une sorte de phénomène russe du piano, déniché par Philip de la Croix (par ailleurs, directeur artistique de « Prima La Musica ! ») à la suite de sa victoire au dernier Concours de Lyon, et qui offre par là même son tout premier concert français. Une révélation ! Avec un jeu – on n’oserait parler de doigté – viril, incandescent, vertigineux, dans l’impossible Concerto de Stravinsky. Trois bis, réclamés avec insistance par le public, ne font que confirmer une technique éblouissante, à travers des pages tout aussi périlleuses de Scarlatti, Moussorgski (arrangement du soliste lui-même) et Stravinsky (extrait de Petrouchka).
Mais l’attrait du concert ne saurait se résumer à son soliste (pré)vedette, qui le justifierait pourtant déjà presque à lui seul. Car cette série de pièces, absolument inhabituelles des programmations et quasi inédites, forme en soi un intérêt exceptionnel. On relève à cet égard la magnifique inspiration d’un Milhaud dans sa symphonie d’une durée de 6 minutes (!). L’Orchestre-Atelier OstinatO, tout frais sorti des représentations de Don Giovanni à la MC93 de Bobigny, vibre en phase avec ces musiques acerbes, sous la direction méticuleuse de son chef titulaire, Jean-Luc Tingaud (connaisseur comme peu de ce répertoire, en son temps celui de son maître Rosenthal). Un sans faute, pour un risque parfaitement assumé ! Soulignons également la qualité du public, attentif et recueilli, devant des œuvres qu’il découvre et finalement difficiles d’écoute. Tant il est vrai que l’acoustique nette de l’Auditorium Cœur de Ville de Vincennes, favorise l’écoute.
Pierre-René Serna
Vincennes, Auditorium Cœur de Ville, 4 avril 2014
www.primalamusica.fr
Photo © DR
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