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Le Tribun/Finale : histoires de pouvoir

L’équipe qui s’apprête à donner Le Tribun et Finale au théâtre de l’Athénée aurait bien aimé recevoir à cette occasion Maurizio Kagel à Paris. Le destin en a décidé autrement ; le compositeur est en effet décédé le mois dernier et le spectacle conçu par Jean Lacornerie tient désormais lieu d’hommage posthume. Il est l’œuvre d’un metteur en scène depuis longtemps attaché au langage singulier de l’artiste argentin. « Kagel est probablement l’un des plus grands inventeurs de théâtre musical, note Jean Lacornerie à propos d’un auteur dont les partitions se révèlent toujours « spectaculaires et théâtrales ».

Dès 1999, au Festival des Arcs, J. Lacornerie et le comédien Marc Bloch avait donné une première version du Tribun. Repris en diptyque avec la pièce Finale à Marseille l’an dernier, au Festival Les Musiques, l’ouvrage arrive en cette même compagnie sur la scène de l’Athénée. L’enthousiasme du metteur en scène ne s’est nullement émoussé au fils des ans, au contraire. « Le Tribun a été écrit en 1978 par un musicien qui a fui la dictature argentine pour s’installer en Allemagne, mais il n’est pas réductible au moment où il a été écrit ; il présente des résonances très actuelles. En entendant Le Tribun aujourd’hui on a parfois du mal à s’imagine que ce texte à une trentaine d’années… La déformation, l’exagération qui le caractérisent sont l’une des formes de la démagogie politique. »

Bernard Bloch sera à nouveau l’interprète du Tribun à l’Athénée, au cours d’une soirée que complète une partition de trois ans postérieure : Finale (1981). « Cette très belle pièce d’orchestre peut se jouer comme de la musique pure, remarque J. Lacornerie. Mais il y est aussi question de pouvoir car les dernières minutes de Finale mettent fin au règne du chef d’orchestre et l’on attend avec impatience de découvrir comment le metteur en scène tire parti de cette situation et, plus généralement, d’un art à propos duquel Maurice Fleuret écrivait : « On n’y trouve que distance salutaire, détournement, retournement, second degré, pastiche ou caricature avouée. On y est sans cesse à la frontière du cirque, de la prestidigitation, du théâtre de l’absurde, de la démonstration de gadgets et de la musique de chambre, avec toujours une naïveté dure et un humour cruel à donner froid dans le dos. »

Donné avec le concours de l’Ensemble 2e2m dirigé par Pierre Roullier, le diptyque que Tribun/Finale apparaît en tout cas idéalement adapté au format d’un théâtre dont la saison réserve une large place à la musique.

Alain Cochard

Maurizio Kagel : Le Tribun/Finale. Du 29 octobre au 1er novembre 2008. Athénée Théâtre Louis-Jouvet.

Tarif préférentiel Concertclassic : 24€ au lieu de 30€ en 1ère catégorie et 17€ au lieu de 21€ en 2ème catégorie par téléphone : 01 53 05 19 19 code : concertclas

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Photo : DR
 

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