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Le Trio Sypniewski et Alexandre Kantorow au Festival Européen Jeunes Talents – Orage et passion – Compte-rendu
Fondé en 2016 par trois sœurs (Magdalena, violoniste ; Anna, altiste et Caroline, violoncelliste), le Trio Sypniewski (photo) se produisait dans la Cour de Guise de l’Hôtel de Soubise en compagnie du remarquable pianiste Alexandre Kantorow, dans le cadre du 18e Festival Européen Jeunes Talents – une aubaine en cette période de désert musical parisien ! Récompensé par l’Académie Ravel de Saint-Jean-de-Luz, le jeune trio a reçu les conseils de divers aînés, dont le violoncelliste François Salque.
En un unique mouvement, le Quatuor en la mineur (1876-1878) de Gustav Mahler témoigne des premiers pas du compositeur autrichien, dans l’ombre de Schubert et de Brahms, et, sans être un chef-œuvre, possède déjà une pâte sonore et des qualités expressives qui retiennent l’attention. On trouve beaucoup d’homogénéité dans une interprétation respectueuse du style, parfois un peu verte mais d’une souplesse incontestable, servie par la fluidité du jeu d’Alexandre Kantorow.
Alexandre Kantorow © Jean-Baptiste Millot
Le triptyque des Chants de l’Agartha pour violoncelle et piano (2008) de Guillaume Connesson, inspiré de la légende d’un royaume de Mongolie enfoui sous le désert, oscille entre lyrisme et course endiablée. Caroline Sypniewski (l’aînée de la formation) y montre assurance technique et vraie musicalité. Son expérience est au diapason de celle d’A. Kantorow que n’effraient pas les chausse-trapes de la partition, en particulier dans la Danse devant le roi du monde, motorique final qui se souvient de Chostakovitch.
Aléas du plein air : après l’entracte, à peine engagé l’Allegro non troppo initial du Quatuor n°2 pour piano et cordes op. 26 de Brahms, les premières gouttes annonciatrices de l’orage font leur apparition, contraignant public et musiciens à se réfugier dans les salons proches. Dans une acoustique différente, la richesse et la densité de l’écriture brahmsienne prennent une autre couleur. Flamme, passion et énergie se conjuguent à une sensibilité très prenante où chacun se fond dans une belle unité. La musique de chambre à l’état pur.
Michel Le Naour
Paris, Archives nationales, 20 juillet 2018
Photo © DR
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