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Le Trio Wanderer joue Beethoven et Chostakovitch - Tension et homogénéité - Compte-rendu
Fidèle parmi les fidèles des Concerts du Dimanche matin, le Trio Wanderer proposait au public du TCE deux partitions majeures du répertoire de la musique de chambre. Le Trio n°5 en ré majeur de Beethoven date des années 1807-1808 et dépasse la facture classique pour aborder le monde des esprits et du surnaturel. Composé dans l’urgence et 1944, le Second Trio de Chostakovitch honore pour sa part la mémoire de l’un des amis les plus proches du compositeur, décédé subitement, mais comme le précise Jean-Marc Phillips-Varjabedian en citant les propos du premier violon du Quatuor Borodine, il décrit aussi l’affrontement du bien et du mal, la dure réalité de la guerre et du goulag.
De ces œuvres à la tonalité sombre, voire fantomatique, les Wanderer livrent une version d’une parfaite homogénéité. A la justesse des détails, au sens des nuances, à l’art d’opposer les contrastes chez Beethoven, s’ajoutent dans l’exécution de l’Op. 67 n°2 de Chostakovitch le sentiment de l’urgence, une dimension exacerbée parfois même à la limite de l’insoutenable (Largo et Allegretto). On louera la précision, la technique digitale imparable du piano de Vincent Coq, la souplesse et le lyrisme du violon expressif de Jean-Marc Phillips-Varjabedian, ou l’élégance toute intérieure du violoncelle de Raphaël Pidoux. Le bis (final du Trio n°1 de Beethoven) apporte une touche d’optimisme et de légèreté qui tranche avec l’impression mortifère ayant présidé jusque-là. Après la confession poignante, les instrumentistes témoignent d’une même complicité dans ces échanges rythmiques et harmoniques hérités de Haydn.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 4 décembre 2011
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Photo : DR
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