Stravinski figure en très bonne place au panthéon musical de Léo Warynski (photo). Depuis longtemps, il rêvait de s’attaquer à la Symphonie de Psaumes. Entamée en 2023, la résidence des Métaboles à la Cité de la Voix lui aura permis de mener à bien son projet. D’un Russe l’autre pourrait-on dire : l’an dernier c’est le Concerto pour chœur de Schnittke qui figurait au programme de l’ensemble. Un mémorable moment auquel a succédé cette année un concert non moins saisissant au cours duquel la partition de Stravinski se trouvait mise en perspective, précédée de deux ouvrages eux aussi pour chœur et instruments à vent – un effectif pour le moins inattendu pour un concert à la basilique.
 

La belle entente des choristes et des souffleurs de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg a permis à Warynski de dégager avec une rare autorité les lignes de force du Begräbnisgesang de Brahms et de la Messe n° 2 d’Anton Bruckner dans une interprétation pleine de souffle, avant de libérer la formidable énergie de la Symphonie. « Plus je vieillis, plus j’aime la musique de Stravinski », confie le chef. Il en tout cas montré une compréhension intime, reçue avec enthousiasme par le public. En bis, Les Métaboles l’ont gratifié d’une absolue rareté : le Libera me d’Ignaz von Seyfried (1776-1841), compositeur viennois élève de Mozart. Pleine d’échos du Requiem de ce dernier, la pièce fut exécutée en 1827 lors des funérailles de Beethoven.
Une découverte et une manière de signifier que bien des surprises nous attendent encore dans le cadre de la résidence des Métaboles, que ce soit au Rencontres musicales de Vézelay 2025 ou durant la saison ...

Pour l’heure, c’est en Alsace, au Festival de Ribeauvillé, que l’on retrouve (15 sept.) Léo Warynski et ses chanteurs avec la reprise d’un programme « Cori Allegri » réunissant des pages d’Allegri, Charpentier, Benevolo et Juta Pranulyte. Peu après (le 17) les artistes seront en Normandie, à Alençon, en petite formation (8 voix) avec « Romance du soir », une anthologie de pièces a cappella de la Renaissance au XXe siècle.
Diversité du répertoire, absence de toute routine, capacité à tisser des liens entre des partitions d’époque très éloignées font la force des Métaboles. L’ensemble en offrira une preuve supplémentaire le 20 septembre à Paris (église Saint-Eustache). Dans le cadre du Festival d’Automne les attendent en effet des pièces de Luigi Nono (Das atmende Klarsein), Roland de Lassus (des extraits des Prophéties des Sybilles) et Nicolò Castiglioni, données avec le renfort du SWR Experimentalstudio et du flûtiste Matteo Cesari. Un programme repris en Allemagne le 28 septembre, à Freiburg im Breisgau.