Journal
Les Bains Macabres de Guillaume Connesson à l’Athénée – Amours gazeuses ... et l’au-delà puisqu'affinités – Compte-rendu
Une histoire entre ici-bas – les Bains Terminus, sur les bords de la Méditerranée (avec marées !) pour être précis – et l’au-delà, la baignoire servant de sas. Employée de l’établissement thermal, rondement dirigé par le sieur Nestor Gobineau, Célia Verdier, attentive et sensible « nymphe savonneuse », a "aidé" quelques curistes à abréger leurs douleurs ... Serviette fermement tenue ou flexible de douche bien serré... C’est cette dernière solution qu’elle adopta pour le beau Mathéo, avec lequel elle continue toutefois d’échanger par messagerie informatique. Ô le bel « amant gazeux » ... – et point rancunier de surcroît ! Ces cyber-amours se situent dans un contexte où la disparation suspecte d’autres curistes conduit à une intervention de la Police des Thermes (formée par le redoutable tandem Miranda Joule - Prosper Lampon). Bref – on ne va quand même pas tout vous déflorer – les ingrédients d’une farce macabre et comique sont réunis dans un argument en quatre actes qui offre au compositeur une foultitude de situations, d’atmosphères. Sachez seulement qu’à la fin de cette histoire, aussi abracadabrantesque que savoureuse, la victime tue l’assassin. Mathéo et celle que l’on a surnommée « Mademoiselle Terminus » partent vivre leur passion ... là-haut.
Guillaume Connesson s’est emparé avec appétit et talent du livret d’Olivier Bleys ! Prévenons tout de suite les tenants d’une modernité rasante et désagréable : l'artiste n’a aucunement honte de la mélodie et ne montre rigoureusement aucune aptitude pour l’orchestration sur le mode cinquante-nuances-de-gris-pâle. Nul pelléassomélisandisme laborieux, nul sprechgesang blanchâtre et prétentieux sous sa plume, mais une vraie connaissance de la voix et un admirable sens de la prosodie doublés d’une envie de s’amuser et d’amuser le public. Pari gagné ! Quant aux musiciens des Frivolités Parisiennes (à 37 dans la fosse de l’Athénée), ils se régalent d’une partition de veine post-poulencquienne et de caractère très français (même si quelques envolées lyriques regardent bien droit en direction de la comédie musicale et de la musique de film américaines), où le sens des timbres – l’harmonie est à la fête ; la clarinette 1 et le basson 1 en particulier ! – et l’intelligence de leurs alliages forcent l’admiration. La tonique baguette de l’excellent Arie Van Beek sait les mettre continûment en valeur, bien aidée par le talent des instrumentistes des « Frivos ». Le relief de la partition n'exclut pas toutefois des moments de belle poésie (ex. le prélude, pour cordes seules, de l'acte IV)
Vrai travail d’équipe, Les Bains Macabres sont portés par une énergie collective que la mise en scène de Florent Siaud et la scénographie de Philippe Miesch savent à la fois nourrir et canaliser, jouant à plein sur le second degré et l’ironie de l'ouvrage envers certains gros sentiments, certaines situations outrées de l’opéra du XIXe siècle – la prière finale de Nestor Gobineau, à genoux mains jointes, au « Seigneur des bains » vaut son pesant de sels ... de bain !
Romain Dayez (Mathéo) et Sandrine Buendia (Célia Verdier) © Nicolas Descoteaux
Deux grosses heures de plaisir et un immense éclat de rire final. Plongez sans hésiter dans ces Bains Macabres ; l’ouvrage tient l’affiche jusqu’au 6 février !
Alain Cochard
Photo © Nicolas Descoteaux
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