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Les étoiles du 21ème siècle - La planète danse brille - Compte rendu
Comment verrions-nous Lucia Lacarra, ses longs bras de cygne famélique, ses pointes recourbées comme des serres, sa silhouette de flamand rose, ses longs cils battant au gré de ses ondulations de liane, sans ces galas des Etoiles du 21e siècle, dont elle est l’une des stars depuis de nombreuses années ? En allant à l’Opéra de Munich, bien sûr, où elle est danseuse étoile dans la troupe qu’y dirige Ivan Liska, l’un des plus grands interprètes et disciples de John Neumeier.
Heureusement, le Théâtre des Champs-Elysées prête son écrin à cette merveille, dont le charme et les lignes inouïes se sont encore déployées par deux fois au cours du spectacle, avec son spectaculaire partenaire Marlon Dino : dans un des plus bouleversants moments de La Dame aux camélias, l’un de ses rôles fétiches, et dans de superbes variations sur trois Préludes de Rachmaninov, chorégraphiées par Ben Stevenson, notamment celle où le duo se croise et se répond par-dessus une barre de travail. Ne serait-ce que pour elle, il ne fallait pas manquer ce piquant défilé où écoles, styles et personnalités se bousculent avec grâce et juxtaposent découvertes et déceptions.
Ainsi, si l’on n’a pu découvrir la sublime Olga Smirnova, d’abord prévue puis retenue par le Bolchoï, ce fut un régal de voir danser la piquante et virevoltante Maria Kochetkova (photo), de Moscou passée à San Francisco, dans des pièces variées dont surtout un extrait du balanchinien Rubis, dont elle n’a en rien le style, mais qu’elle renouvelle avec panache. Cela vaut mieux que mourir pour cette chorégraphie plus que datée. Déception en revanche avec Oxana Skorik, Ukrainienne qui surjoue sur la brillance, mais avec un axe défaillant et une interprétation creuse : une seconde développée en basculant le bassin comme elle le fait n’a pas sa place dans un art qui, même s’il pousse ses limites, se doit de garder ses bases académiques, lorsqu’il s’agit d’interpréter un extrait de Petipa et non de Forsythe.
Mais on a pu revoir avec bonheur l’Après-midi d’un Faune de Thierry Malandain, violent, sexué, et exploitant librement l’espace, grâce à Aurélien Houette, danseur de l’Opéra de Paris. Celui-ci avait auparavant dansé avec fluidité une pièce dénommée BLESS-ainsi soit-Il de Bruno Bouché, sur la Chaconne de la 2e Partita de Bach, avec un autre danseur de l’Opéra de Paris, Erwan Leroux. Un peu de Giselle, un rien de Millepied, il a suffi de ces extraits pour mettre en valeur la grâce d’un joli couple venu de l’American Ballet Theater, Isabella Boyston et James Whiteside. Et surtout, bien que ce ne soit encore que de jeunes danseurs, le charme, la vitalité éblouissante, le potentiel de sympathie dégagés par le couple cubain, Manuela Navarro et Gian Carlo Perez Alvarez, irrésistibles, ont apporté une vraie bouffée d’air frais au spectacle. Mais là, il faudrait aller à Cuba pour les voir davantage. C’est encore plus loin que Munich.
Jacqueline Thuilleux
« Les Etoiles du 21ème siècle » - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 14 septembre 2014
Photo © Mard Haegeman
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