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Les Etoiles du XXIe Siècle au TCE - Tour du monde en 80 fouettés - Compte-rendu
Délicieuses soirées que ces galas ludiques, où comme les feuillets d’un album vivant, les spectateurs visitent la planète chorégraphique, et s’imprègnent des multiples talents qui la peuplent. Avec des retrouvailles attendues, des enthousiasmes inattendus, des déceptions, et parfois aussi de vrais chocs, qui revitalisent notre intérêt pour des pièces d’école dont les charmes ont tant servi. Oui donc avec bonheur à l’inusable Esmeralda de Petipa, dansé par les fringants Cubains Yolanda Correa et Yoel Carreno, héritiers d’une technique d’acier et d’un style où se mixent tempérament cubain et discipline ex-soviétique : les deux danseurs sont allés la porter à Oslo, où ils sont étoiles depuis un an, de quoi réchauffer la capitale norvégienne !
Bonheur que de retrouver, une fois encore, l’ébouriffant Daniil Simkin, découverte de ces galas et qui continue de les électriser avec sa légèreté d’elfe, sa frimousse de drôle de gosse et sa griserie de danser : avec Yana Salenko, Ukrainienne fixée à Berlin, ils ont donné une vivifiante interprétation du Stars ans Stripes de Balanchine, sur la musique de Sousa, qui change tant de ses approches stravinskiennes. On a aussi applaudi le jeune Arménien Davit Galstyan, formidable recrue du Ballet du Capitole de Toulouse, dans la difficile variation de l’Idole de bronze de La Bayadère, qu’il emportait vaillamment, et dans l’irrésistible Les Bourgeois, sur la chanson de Brel, qui fait toujours un triomphe.
En revanche, on reste attentif, mais prudent, sur l’évolution de la toute jeune Alys Shee, venue du Ballet de Toronto: certes, cette ravissante liane séduit par sa grâce, ses lignes et une technique brillante - splendides fouettés notamment- mais il lui faut mûrir, trouver un axe, se consolider, et développer le langage des bras. Elle est si douée qu’on peut tout en attendre, heureusement.
Et puisque les piliers de la manifestation, l’icône Lucia Lacarra, et son partenaire Cyril Pierre, dans l’impossibilité de venir de Munich pour raisons de santé, ont privé les spectateurs de leur fascinante présence, ceux-ci ont été consolés par deux superbes remplaçants, arrivés au pied levé, lui de Stuttgart, elle de Berlin : rien moins que le récent Oneguine du Palais Garnier, le bel Evan McKie, qu’on espère bien revoir, ainsi que son adorable partenaire, Elisa Carrillo Cabrera! Tandis qu’on constatait les défauts de l’école hongroise de ballet, magnifiant ceux de la russe, avec la hanche levée et la jambe en dedans d’Aleszja Popova, si belle fille au demeurant. Un Tour du monde en 80 fouettés appelle forcément des escales moins réussies.
Jacqueline Thuilleux
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 13 janvier 2012
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Photo : DR
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