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Les Machines désirantes de Thierry Pécou – Variance
Le prochain concert inscrit dans le cadre de la résidence de Claire-Marie Le Guay à l’Athénée se place sous le signe de la musique de chambre et réunit la pianiste au Quatuor Manderling et au contrebassiste Stéphane Logerot. Au programme, le Quatuor à cordes op 12 de Mendelssohn et le Concerto pour piano n°1 de Chopin, dans sa version avec accompagnement de quintette à cordes, voisinent avec Les Machines désirantes, variance pour piano et quatuors à cordes de Thierry Pécou. Une création qui marque la première collaboration du compositeur avec Claire-Marie Le Guay.
« Variance » ? Le terme accolé au titre de l’œuvre peut intriguer. « J’ai emprunté ce néologisme à la créole à Edouard Glissant, un poète qui m’est cher, explique T. Pécou. Ma pièce présente un double visage dans la mesure où elle a existé dans une première version pour flûte, saxophone, clarinette, violon, violoncelle et piano, destinée à l’ensemble Zellig, qui présentait une couleur sonore très différente. Il était intéressant de retravailler, comme le faisait Berio à une certaine époque, une même partition en changeant complètement de couleur. C’est n’est plus une transcription mais une réécriture à partir d’un matériau donné qui à déjà vécu par ailleurs. »
« Ma partition, poursuit T. Pécou, est inspirée d’un livre assez fameux des années 1970, « L’Anti-Œdipe » de Gilles Deleuze et Félix Guattari ; un livre qui a des ramifications complexes et dont l’objet principal est une critique de la psychanalyse, dans un objectif politique aussi. On y trouve tout un délire verbal que je trouve très fort. C’est également un ouvrage sur le Verbe, sur le langage, qui a une portée musicale pour moi. La folie qui déborde de ce livre se reflète dans ma musique. Les éléments musicaux n’y ont pas vraiment de développement ; l’idée de jaillissement continu est à la source de la partition. Elle présente une dimension très « machinique », très pulsée, très rigoureuse aussi.
Dans la première version, un « concertino » pour piano et cinq instruments, le piano était traité comme instrument soliste accompagné. Dans la nouvelle version des Machines désirantes, il est plus imbriqué dans les couleurs des cordes. Quant au traitement du quatuor, il était intéressant de trouver des sonorités qui puissent rendre l’effet musical recherché dans la version initiale mais en changeant parfois le caractère pour être complètement adapté aux instruments à cordes ».
Propos recueillis par Alain Cochard, le 24 avril 2009
Claire-Marie Le Gay/ Quatuor Manderling/Stéphane Logerot
Œuvres de Mendelssohn, Chopin, Pécou
Athénée Théâtre
Lundi 11 mai 2009 – 20h
Loc. : 01 53 05 19 19
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Photo : DR
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