La soirée du 27 mai à Gaveau aura permis de le vérifier à nouveau : loin des emballements médiatiques, des coqueluches du moment, un vrai événement musical est en cours à Paris. Cela ne sait hélas pas assez.
On ne se confronte pas au massif des 32 Sonates de Beethoven par hasard … Mercredi dernier, la 13^ème Sonate op. 27/1, géniale mais trop méconnue sœur de la célèbre « Clair de lune », ouvrait le programme de Jean-Bernard Pommier (le 5^ème volet de son intégrale). Suprême art des transitions, fabuleuses mobilité des éclairages : avec quelle vitalité, quelle nécessité intérieure l’interprète fait-il résonner l’ouvrage d’un musicien d’à peine plus de trente ans ; une « Quasi una fantasia » qui illustre parfaitement le « laboratoire de recherche » que la sonate pour piano fut toujours pour le compositeur allemand.

 A d’autres les artifices et les effets de manche : par la concentration de la pensée et du geste, l’interprète tient la salle en haleine, là comme dans la 7^ème Sonate op. 10/3, tellement chargée de promesses, et dans la si rare Sonate n°27 où il sait être tendre sans se départir d’une certaine radicalité du propos. Mais s’il ne fallait retenir qu’une sonate de la soirée ce serait sûrement cette « Waldstein » à la fois poète et impérieusement « tenue ». La technique sait se faire discrète pour que la magie du timbre, la luminosité de l’écriture exercent au mieux leur impact, en toute simplicité.
 
Un grand moment de piano certes, mais d’abord une grande leçon de musique. Il est encore temps d’en profiter avec les trois derniers concerts du cycle : 4 juin (Sonates nos 15, 3, 24 et 30), 15 juin (Sonates n° 16, 14, 6 et 31) et 19 juin (Sonates nos 9, 4, 22 et 32). Beethoven par Jean-Bernard  Pommier ou la garantie d’un salutaire retour aux fondamentaux. Courrez-y !
 
Alain Cochard
 
Paris, salle Gaveau, 27 mai 2015
Prochains concerts du cycle, les 4, 15 et 19 juin 2015
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