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Lille Piano(s) Festival 2015 – Les couleurs du piano
Né en 2004 avec Lille-Capitale Européenne de la Culture, le Lille Piano(s) Festival a d’emblée trouvé son public et (avec quelques tâtonnements pour ce qui est de sa position dans le calendrier) s’est durablement installé dans le paysage musical de la ville. Fort du travail effectué à l’époque des Rencontres Robert Casadesus, l’Orchestre national de Lille, organisateur du Piano(s) Festival, rassemble tous les ans un vaste public autour d'un instrument fédérateur par excellence compte tenu de l’immensité de son répertoire et de la diversité des genres et des styles où il entre en jeu.
Clin d’œil à Scriabine en plein centenaire de sa disparition, l’édition 2015 a choisi « les couleurs du piano » comme fil directeur et réserve un place de choix aux ouvrages du Russe. On s’était félicité il y a quelques mois de la venue de Joaquin Achúcarro à Lille. Une fois de plus, l’OnL se distingue en faisant appel à un pianiste aussi merveilleux que rare sur les scènes françaises : Kun Woo Paik. Quoi de plus naturel quand l’on sait le goût du maître coréen pour la musique de Scriabine. On aura le bonheur de l’entendre chez cet auteur, aux côtés de collègues tels que Marc Laforêt, Andrei Korobeinikov (pour Prométhée sous la baguette de Mihhail Gerts et dans une création lumières de Jean-Michel Albert) ou sa jeune compatriote HJ Lim. A noter aussi un projet séduisant de l’Ensemble Variances de Thierry Pécou autour de Vers la Flamme et de la 9ème Sonate « Messe noire » (avec Frédéric Vaysse-Knitter au piano).
Mais, avant de se lancer dans Scriabine, Kun Woo Paik aura joué Beethoven lors du concert inaugural du Piano(s) Festival. Pétrie d’humanité, une intégrale des Sonates de très haute volée (Decca), a montré les affinités de l’interprète avec l’univers du compositeur allemand. Belle promesse que son 3ème Concerto sous la baguette de Jean-Claude Casadesus.
Kotaro Fukuma © Takuji Shimmura
Côté concertant, le Festival 2015 comporte d’autres propositions alléchantes, dont en particulier une intégrale des Concertos de Bartók partagée entre trois remarquables pianistes de la jeune génération. On est aussi curieux d’entendre Rémi Geniet (1er Cto), que Kotaro Fukuma (2ème) ou Beatrice Rana ( 3ème) – Benjamin Schwarz (1er) et Mihhail Gerts (2ème et 3ème) tiennent la baguette. Soit dit en passant, on aimerait que les grandes formations parisiennes osent programmer un tel tiercé de talents nouveaux dans ces œuvres… Les couleurs du piano seront aussi à la fête avec Wilhem Latchoumia, qui s’empare - avec le tonus qu’on lui connaît ! - de la partie soliste de la Symphonie n° 2 « The Age of Anxiety » de Bernstein, on encore Guillaume Vincent dans l’inoxydable 2ème Concerto de Liszt.
Foisonnante comme toujours, l’affiche du Lille Piano(s) Festival fait aussi place à Schubert avec Philippe Cassard et Cédric Pescia (dans l’intimiste salle du Conservatoire), à Satie (Le fils des étoiles par Barbara Dang) ou à l’improvisation avec le jazzman Paul Lay sur Sherlock Jr. de Buster Keaton.
En bref, le piano de toutes les couleurs - et pour tous les goûts !
Alain Cochard
Lille Piano(s) Festival 2015
12, 13 et 14 juin 2015
www.concertclassic.com/festival/lille-pianos-festival
Photo Kun Woo Paik © DR
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