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Lionel Bringuier et l’Orchestre de l’Opéra national de Paris - Baguette experte - Compte-rendu
Pour sa première apparition à la tête de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris, le jeune chef Lionel Bringuier (né en 1986) propose un programme exclusivement russe (Moussorgski, Rachmaninov, Chostakovitch) qui demande des qualités de coloriste mais aussi un sens de l’équilibre dans des partitions hautement virtuoses.
Une nuit sur le Mont Chauve, maîtrisée par un bras sûr et large, brille de tous ses feux. Le tempo mesuré (Sabbat des sorcières) privilégie la subtilité sur la seule démonstration de puissance orchestrale. Soliste du Concerto n° 2 de Rachmaninov, le macédonien Simon Trpčeski voit sa belle palette sonore quelque peu desservie par l’acoustique du grand vaisseau de la Bastille qui étouffe parfois le souffle de ses élans. On perçoit malgré tout dans le jeu de cet interprète une imagination, un sens poétique et un véritable tempérament de musicien.
La 6ème Symphonie de Chostakovitch, en trois énigmatiques mouvements (le premier, le plus long de caractère funèbre, les deux suivants cursifs, enlevés et sarcastiques), permet à Lionel Bringuier de démontrer une autorité, un sens de l’architecture et une implacable assise rythmique. Il réussit à instiller tension (Largo), caractère ludique (Allegro) et virtuosité débridée (Presto).
Les musiciens se montrent à la hauteur de leur réputation et participent à une véritable fête sonore. Leurs interventions procurent un bonheur sans partage (la flûte de Frédéric Chatoux, le hautbois de Jacques Tys, la clarinette de Jérôme Verhaeghe, le violon de Frédéric Laroque, le violoncelle d’Aurélien Sabouret…). Les applaudissements mérités sont à la hauteur de la qualité de ce concert tenu, de bout en bout, par une baguette experte.
Une raison supplémentaire de se précipiter à Pleyel, le 17 avril prochain, où Lionel Bringuier se produira avec l’Alma Chamber Orchestra dans un programme Prokofiev (Ouverture sur des thèmes juifs), Mendelssohn (Concerto pour violon op.64 sous l’archet de Nikolaj Znaider) et Beethoven (la 7ème Symphonie).
Michel Le Naour
Paris, Opéra Bastille, 19 mars 2014.
Photo @ DR
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