Retour à un fondamental pour Aix : Don Giovanni. Oui, mais pour cet ouvrage aussi fondateur pour le destin lyrique de la Cour de l’Archevêché que le fut Cosi fan tutte, et à jamais marqué par le style du peintre Cassandre, c’est le nouveau monstre sacré du théâtre russe que l’on est allé chercher. On sait Dimitri Tcherniakov capable du meilleur (Oneguine, Le Joueur) comme du pire (Macbeth). Saura-t-il pour Don Giovanni faire briller la part la plus secrète de son art, cette direction d’acteur révélatrice ? Ou préférera-t-il décliner quelques trucs de relecture primaire appuyés sur une épate technologique branchouille ? On verra, et d’ailleurs on verra surtout le Don Giovanni terrible et très sexe de Bo Skovhus. Louis Langrée dirige (à l’exception des 18 et 20 juillet où il cède la baguette à Andreas Spering), le Freiburger Barockorchester est dans la fosse, et on le retrouvera pour l’Alceste de Gluck sous la baguette d’Ivor Bolton, avec dans le rôle-titre Véronique Gens dont on espère beaucoup et peut-être un peu trop La régie de Christopher Lloyd réinventera-t-elle le théâtre réformé de Gluck ? C’est à voir encore une fois.
Coproduction avec l’Opéra de Lyon, qui affichera la saison prochaine le spectacle à des prix bien moindres, Le Rossignol de Stravinsky dans la lecture fidèle et poétique de Robert Lepage pourrait-bien se révéler comme la vraie surprise du Festival. Une distribution aux petits oignons concoctée par Serge Dorny, Kazuchi Ono à la baguette, une œuvre de toute beauté incroyablement méconnue : tiercé gagnant !
Sans surprise, sinon pour l’habillage dansé qu’en proposera Trisha Brown, William Christie et ses Arts Florissants reprennent Pygmalion, et au lieu d’y ajouter un autre acte de ballet, choisissent un découpage un peu étrange dans Hyppolite et Aricie. Rameau en sortira-t-il vainqueur ? En tous cas on guettera l’Aricie puis l’Amour de Sophie Karthäuser. Enfin le Festival renoue avec la création, démarche chère à Bernard Foccroulle, avec un opéra commandé par l’Ensemble Musicatreize, « Un retour » de l’Argentin Oscar Strasnoy. La surprise pourrait être bonne.

Jean-Charles Hoffelé

Festival d’Aix-en-Provence Du 1er au 21 juillet 2010

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