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L’Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine et Jean-François Heisser à la Seine Musicale – Un orchestre régional face aux nouveau enjeux territoriaux
Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine ? Le directeur artistique ne cache pas s’être un peu inspiré de la transformation de l’Ensemble Orchestral de Paris en Orchestre de chambre de Paris. C’est le moyen pour l’OCNA, fort d’une cinquantaine d’instrumentistes, « de se démarquer de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, grosse formation symphonique de la région. Notre effectif, constate J.-H. Heisser, correspond à un répertoire varié, éclectique, ambitieux, de l’époque classique évidemment, mais nous pouvons aussi aborder sans problème la symphonie romantique (Mendelssohn, Schumann, Brahms), le XXe siècle et la création. ».
Côté XXe siècle, la formation s’est d’ailleurs distinguée au disque avec un programme « Wien 1925 » – marqué en particulier par un remarquable Kammerkonzert de Berg – et une anthologie « American Journey » (Ives, Barber, Gershwin, Bernstein, Herrmann), non moins accomplie. Toujours au chapitre du XXe siècle, l’été dernier on a pu applaudir les musiciens au Festival Messiaen dans des Canyons aux étoiles, sous la baguette de Heisser, avec Wilhem Latchoumia au clavier.
Autant dire que le répertoire ne manque pas pour ce que l’on nomme donc désormais Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine. « Un nom qui situe bien l’orchestre sur un territoire plus identifié qu’avec Poitou-Charentes », se félicite le directeur artistique. Une fois les choses installées, la situation correspondra à une réalité plus lisible et plus perceptible pour le public et pour le milieu musical. »
Une adaptation est évidemment nécessaire pour faire face à la nouvelle situation créée par la naissance d’une aussi immense région. «Elle comporte un certain nombre de formations d’ailleurs assez bien réparties sur le territoire, constate J.-F. Heisser : Orchestre National Bordeaux Aquitaine, Orchestre de l’Opéra de Limoges, Orchestre de Pau, Orchestre de Bayonne (sans oublier Pygmalion à Bordeaux, l’Orchestre des Champs-Elysées et Ars Nova à Poitiers). Mais par rapport à des formations associées à telle ou telle métropole, nous sommes le seul orchestre à vocation itinérante ; depuis que l’orchestre existe (il est né en 1981 ndr), la diffusion sur le territoire régional, avec un gros effort en direction de la ruralité, figure au cœur de sa mission. Ce qui est désormais difficile, c’est de concilier ce travail de diffusion, à la fois sur les grosses scènes de la région (Auditorium de Bordeaux, TAP de Poitiers, Scènes nationales de Bayonne et de La Rochelle, etc.) et en milieu rural, avec les nombreuses sollicitations des festivals (Folle Journée, Roque d’Anthéron, Festival Berlioz, Festival Messiaen, Festival de Laon, etc.). C’est peu la quadrature du cercle pour un orchestre dont le budget s’élève à peine à 2 millions € et qui se déplace en permanence. Nous nous interrogeons sur un éventuel élargissement de la mission de l’orchestre afin de correspondre à la nouvelle réalité territoriale et cela fera l’objet de prochaines discussions avec nos tutelles. »
Ce d’autant, faut-il ajouter, que l’enregistrement occupe aussi la formation. Outre les deux albums précités, Heisser et ses troupes ont signé un merveilleux programme Théodore Dubois et une version de référence de L’Amour Sorcier et des Tréteaux de Maître Pierre de Falla, galettes auxquelles s’ajoutent désormais l’intégrale (en 3CD) des Concertos de Beethoven.
L’engagement, le dynamisme et l’intensité du dialogue qui la caractérisent de bout en bout ne sont pas pour surprendre de la part d’interprètes qui ont beaucoup joué ces œuvres en concert (avec, entre autres, une intégrale à Poitiers en 2009) avant de confier aux micros un beau témoignage sur le travail effectué en commun depuis de nombreuses années.
Heisser a beau avoir joué tant et plus la musique de Beethoven depuis ses débuts, sa fascination pour la « trajectoire incroyable » décrite par les Concertos demeure intacte. C’est « L’Empereur » qu’il a retenu pour le programme du 12 novembre à la Seine Musicale ; un concert en matinée (16h) qui permettra en outre de découvrir un ouvrage pour le moins original : Le rêve de Maya, double concerto pour violoncelle, accordéon et orchestre de Samuel Strouk (né en 1980) dont les solistes seront François Salque et Vincent Peirani.
Mais l’Orchestre Nouvelle Aquitaine et son chef n’oublient pas pour autant leur région et le public de Saint-Pierre d’Oléron les aura retrouvés dès le 10 novembre, dans « L’Empereur » également, mais cette-fois couplé avec l’autre extrémité du corpus concertant beethovénien : le Concerto n° 2 op. 19.
Quant à Paris, notez dès à présent que Jean-François Heisser et l’OCNA seront les hôtes de l’Opéra-Comique, le 4 mai 2018, pour accompagner un récital d’airs français du magnifique Michael Spyres. (3)
Alain Cochard
(Entretien avec Jean-François Heisser réalisé le 30 octobre 2017)
- www.concertclassic.com/article/lorchestre-poitou-charentes-joue-beethovenzender-diabelli-transfigurees-compte-rendu
- 3 CD MIR 374
- www.opera-comique.com/fr/saisons/saison-2018/michael-spyres
Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine, Jean-François Heisser (piano et dir.), François Salque, Vincent Peirani
Œuvres de Beethoven et Strouk
Boulogne-Billancourt- Seine Musicale
12 novembre 2017 - 16h
www.concertclassic.com/concert/un-classico-deconcertant
10 novembre 2017 – 20h30
Saint-Pierre d’Oléron - Eldorado
Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine, Jean-François Heisser (piano et dir.)
Œuvres de Beethoven et Strouk
www.concertclassic.com/concert/des-concertos
Photo © T. Chapuzot
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