Fondé en 1954, l’Orchestre de São Paulo est dirigé depuis 2012 par l’américaine Marin Alsop, disciple de Bernstein, qui a succédé à la tête de cette phalange au chef français Yan-Pascal Tortelier. Le programme proposé à Pleyel conjugue le grand répertoire (1ère Symphonie de Mahler, Concerto n°2 de Chopin par Nelson Freire) et la création avec Terra Brasilis, pièce récemment composée par Clarice Assad (née en 1978 à Rio).

Cette brève partition haute en couleur offre une vision panoramique de l’Histoire brésilienne, depuis la colonisation jusqu’à ce brassage des différentes cultures qui en font la spécificité. Se mêlent gammes arabes et japonaises, percussions chinoises et musiques occidentales, dans une progression, savamment construite mais quelque peu tonitruante, qui éclate dans l’explosion finale d’un hymne brésilien triomphant.

Dans une veine plus intimiste, le Concerto en fa mineur de Chopin est joué par Nelson Freire avec liberté, tact, subtilité et fluidité - véritable rêve éveillé que le Larghetto central … L’accompagnement, volontaire et décidé, parfaitement maîtrisé, de Marin Alsop ne se situe pas toujours sur le même plan et apparaît parfois plus appuyé qu’inspiré dans les tutti. En bis, l’arrangement par Sgambati de la mélodie extraite d’Orfeo et Eurydice de Gluck, procure toujours la même sensation d’irréalité sous les doigts sensuels et limpides du pianiste brésilien.

Avec la Symphonie « Titan », l’impression d’ensemble s’avère plus mitigée. Bien en place avec un orchestre appliqué, et sous les coups de boutoir d’une direction énergique et sans nuance, l’œuvre perd son parfum Mitteleuropa pour devenir une machine de guerre engagée, d’une puissance de feu efficace mais d’une force brute dont nul ne sort nécessairement victorieux.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 7 octobre 2013

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Photo : Grant Leighton