Concertclassic s’était fait l’écho de la naissance de l’Orchestre des Jeunes d’Île-de-France à la fin de la saison passée (1), à l’occasion d’un premier programme (la «Titan » de Mahler et le Concerto pour violon de Mendelssohn ; rien que ça !) qui montrait toute l’ambition de jeunes instrumentistes parvenus à un moment stratégique de leur parcours, entre fin des études et début de la vie professionnelle, et désireux de se former au métier de musicien d’orchestre. Sa perception a énormément –  et positivement ! – évolué depuis quelques années ; l'irremplaçable travail de l’Orchestre Français des Jeunes (créé en 1982) y est pour beaucoup.

Ancien assistant de Paavo Järvi à l’Orchestre de Paris (de 2014 à 2016), David Molard a pris les rênes de l’OJIF dès le départ. Mais il n’est pas le seul professionnel à œuvrer auprès des jeunes musiciens. Une dizaine d’instrumentistes issus de grandes phalanges parisiennes sont également impliqués. Ainsi Fabien Boudot, violoniste à l’Orchestre de Paris, déjà présent l’an dernier pour le premier concert de l’OJIF et qui ne s’est pas fait prier pour reprendre du service auprès de ses cadets : «J’aime et j’accorde beaucoup d’importance à la transmission – j’ai d’ailleurs aussi travaillé avec l’Orchestre Français des Jeunes et avec l’Orchestre du Festival de Verbier. En France, s’agissant du métier de musicien d’orchestre, nous avons pendant longtemps été en retard. Les choses évoluent, heureusement ; il était temps !  J’ai trouvé l’expérience très enrichissante l’an dernier car le niveau général est très bon et qu’en plus une grande motivation anime l’OJIF – il est né, il ne faut pas l’oublier, à l’initiative des étudiants. On y sent une formidable volonté de travailler, et ce dans des conditions quasi professionnelles. C’est une démarche très intéressante et puis ... ça marche ! »

Une fois de plus, avec David Molard (photo), les jeunes musiciens ont fait des choix ambitieux. Inutile d’insister sur la valeur formatrice de partitions aussi exigeantes que le Concerto n° 27 (confié à Camille Belin, actuellement élève de Rena Shereshevskaya à l’Ecole Normale) ou la Symphonie n°41 de Mozart.
A côté de ce pan « grand répertoire », il faut saluer la présence d’ouvrages d’André Jolivet (1905-1974, auteur bien trop négligé par les orchestres français. Car l’auteur des Danses rituelles est joué à l’étranger ; sait-on par exemple qu’un certain Valery Gergiev a dirigé le Concerto pour piano en décembre dernier à Saint-Pétersbourg, avec Jean-Baptiste Fonlupt au clavier ?

Vrai bonheur donc que de trouver deux concertos du Français au programme de l'OJIF. Le Concerto pour flûte (1949) est certes connu des amateurs de musique pour vents mais on ne peut pas lui reprocher d’encombrer les programmes. Ludivine Moreau, une ancienne élève de Philippe Bernold, aura pour tâche d'interpréter un ouvrage que l'auteur destina à Jean-Pierre Rampal, qui le créa en janvier 1950 – l’un des grands concertos de flûte du XXe siècle.
Le Concerto pour harpe, terminé en 1952 et créé par Lily Laskine, constitue en revanche une rareté absolue. On sait gré à Anaëlle Tourret, qui se perfectionne actuellement auprès de Xavier de Maistre à Hambourg, de défendre cette admirable composition, où s’installe une relation très originale entre soliste et orchestre. Bravo ; il n’y pas que Boieldieu dans la vie – des harpistes !

Alain Cochard
 

(1) www.concertclassic.com/article/concert-inaugural-lorchestre-des-jeunes-dile-de-france-lojif-est-ne

Orchestre des Jeunes d’Île-de-France, dir. David Molard
Camille Belin (piano ; 16, 19 et 26/02), Ludivine Moreau (flûte ; les 16 et 19/02), Anaëlle Tourret (harpe, les 19 et 26 février)

16 février 2017 – 20h
Paris CRR
 
19 février 2017
Chaville – Atrium

26 février 2017
Clamart - CRD
www.billetweb.fr/mozart-vs-jolivet?page=mozart-vs-jolivet

Site de l'Orchestre des Jeunes d'Île-de-France, : ojif.fr

Photo David Molard © Matthieu Joffres