En ouverture de saison, l’Orchestre symphonique de Bretagne a choisi de mettre l’accent sur la musique russe en proposant non seulement des œuvres du grand répertoire (Concerto n°2 de Rachmaninov, Symphonie « Pathétique » de Tchaïkovski), mais aussi des pages de compositeurs de notre temps. Autumn Music de Ielena Firsova (née en 1950) se présente comme une longue méditation pour cordes de forme assez traditionnelle, alors que la Pastorale pour orchestre de Dmitri Smirnov (né en 1948) offre une palette de couleurs et de sons très variée où les percussions s’en donnent à cœur joie.

Lise de la Salle signe une lecture solide de l’Opus 18, efficace, sans abandon (Adagio sostenuto), où tout est clarté, qualité de construction, au détriment parfois du lyrisme à fleur de peau et de l’invention poétique. Toutefois, la vaillance de l’interprétation et l’assurance technique (malgré quelques duretés dans le registre aigu) dont elle fait preuve portent la marque d’une réelle maîtrise instrumentale. L’accompagnement bien dosé du chef singapourien Darrell Ang (le directeur musical de l’Orchestre) met en valeur le jeu de la pianiste, peu favorisé au demeurant par la sécheresse de l’acoustique.

Dans la « Pathétique », le vainqueur du Concours de Besançon en 2007, qui a étudié à Saint-Pétersbourg entre autres, fait flèche de tout bois. Sans le secours de la partition, d’un geste sûr et chorégraphique, Darrell Ang (photo) insuffle dynamisme et tonus à une formation qu’il oblige à sortir de sa réserve. Si l’Adagio lamentoso final manque d’ampleur, la musicalité prévaut à chaque instant avec un naturel convaincant et une réelle force de persuasion.

Michel Le Naour

Quimper, Théâtre de Cornouaille, 24 septembre 2013

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Photo : DR