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Luca Pisaroni en récital à la Bastille - Sur la réserve - Compte-rendu

En septembre dernier, Luca Pisaroni campait avec aisance sur la scène de la Bastille un superbe Comte, dans cette production des Noces de Figaro où il excellait deux ans plus tôt en valet mozartien. Nous nous réjouissions de le retrouver dans un exercice délicat et jusqu'ici inédit, celui du récital. Est-ce la fatigue, la contrariété ou un léger refroidissement qui ont été à l'origine de notre déception ? Difficile à dire.

Privé des artifices de la scène, l'interprète nous paraît limité dans l’expression, grave et peu enclin à tisser des liens, même invisibles, avec son public. Son beau timbre avait pourtant tout pour satisfaire notre oreille avec pour débuter, trois mélodies de Schubert sur des poèmes de Metastasio (en italien). L'acoustique un peu sèche de l'Amphithéâtre n'a sans doute pas facilité la communion entre l'artiste, assez lointain et l'auditoire qui attendait plus de complicité, d'énergie et de faconde avec Rossini et les cinq mélodies issues des Soirées musicales et des Péchés de vieillesse. Malgré un très bel allemand, les lieder de Meyerbeer qui suivaient, rarement chantés, n'ont pas été en mesure de réchauffer la salle et de lutter contre la réserve du chanteur.

La seconde partie consacrée à Liszt, quoique bien chantée et accompagnée avec rigueur par Justus Zeyen, en raison des thèmes choisis, n'a pas permis de rapprocher le baryton-basse de ses auditeurs, l'évocation des ténèbres, de cercueils glacés, d'ancêtres et d'esprits (Die Vätergruft), finissant même par l'isoler. Enfin, les trois Sonnets de Pétrarque manquaient d’animation et de relance, coincés entre monotonie et désespoir.

Visiblement déçu de sa prestation, Luca Pisaroni n'a d'ailleurs concédé qu'un seul bis, An die Musik de Schubert, comme pour clore cette parenthèse et passer rapidement à autre chose.

François Lesueur

Paris, Opéra Bastille, Amphithéâtre, 28 novembre 2012

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Photo : Marco Borggreve
 

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