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Lucerne fait son opéra - Festival de Lucerne
Non, Lucerne ne s’est pas encore offert le théâtre d’opéra qui lui permettrait de devenir le Glyndebourne suisse, mais le Festival initié par Toscanini semble avoir du mal à lutter contre la pression lyrique.
Qu’on en juge : trois opéras majeurs du répertoire proposés cet été.
Même Claudio Abbado, réinventeur de l’orchestre du lieu, s’y met, ouvrant la nouvelle édition avec deux soirées consacrées à Fidelio (les 12 et 15 août). Osera-t-on dire qu’on ira d’abord pour le couple Kaufmann-Stemme. Oui, car Abbado n’est jamais passé pour un beethovénien de première force, et d’autant que dans la fosse ce ne sera pas Lucerne, mais le Mahler Chamber Orchestra, forcément moins prodigieux.
Abbado retrouvera l’orchestre maison pour un nouveau concert Mahler, avec ce qui résonne comme la fin d’un cycle : la 9e. Renouvellera-t-il le miracle des ses concerts avec les Berliner Philharmoniker ? Pour le savoir il vous faudra acheter vos tickets au marché noir, les deux soirées (20 et 21 août) affichant complet.
C’est peu ou prou le Tristan de Bastille que Salonen et Sellars (et hélas encore Bill Viola et ses pollutions vidéographiques) proposeront le 10 septembre, avec certes le Philharmonia mais aussi une distribution qui laisse bien dubitatif : Urmana en Isolde, vraiment ?, Gary Lehmann pour un Tristan qu’on craint court. Ajoutons qu’il faudra fortement sonoriser la Brangäne improbable d’Anne-Sophie von Otter….Mieux vaudra probablement retrouver Salonen dans les Légendes sibéliennes le 8 ou l’entendre s’aventurer le 9 dans un programme prometteur mais dangereux aussi : Le Tombeau de Couperin, les Nocturnes debussystes, des extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev.
Le 15, petite visite du Bolchoi qui offrira le pilier de son répertoire, Eugène Onéguine, avec la baguette Dmitri Jurowski (à ne pas confondre avec Vladimir).
Evidemment pléthore de concerts, grande omniprésence boulézienne, concert Pollini, Tilson-Thomas et San Francisco, Jansons et le Concertgebouw (3e de Mahler, sold out aussi), vous verrez tout cela sur le site du Festival.
On pointe deux concerts : l’Elias de Mendelssohn par Harding, le Mahler Chamber Orchestra, les chœurs de la Radio Suédoise, qui affiche un beau quatuor (Kleiter, Fink, Schäde, Quasthoff) le 22 août, et les immanquables Gurre-Lieder de David Zinmann réunissant les forces zurichoises et genevoises (le 14 septembre). Stephen Gould et Christine Brewer pour les amants maudits, la Waldtaude amère de Petra Lang, le récitant de Wolfgang Schöne, si le disque n’immortalise pas ce concert, on se demandera une fois de plus à quoi il sert….
Jean-Charles Hoffelé
Festival de Lucerne, du 12 août au 18 septembre 2010
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Photo : DR
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