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Madame Butterfly à l’Opéra Bastille – La reprise de trop ? – Compte-rendu
Cette production de Bob Wilson est aujourd’hui un classique. Pure et ciselée comme une estampe japonaise, elle a traversé le temps sans cesse revivifiée depuis sa création en juin 1997 par de nombreux interprètes et par de nouvelles traductions musicales.
Un sentier sinueux fait de pierres noires, un plancher de bois blond, ici un siège à l’équilibre instable, là un simple rocher, il faut peu de choses pour créer un univers et y faire évoluer de façon presque mécanique, des personnages dont chaque geste strictement étudié se détache sur un écran aux lumières changeantes. L’absence de réalisme est à son comble et pour Wilson qui refuse toute psychologie et contraint les artistes à n’exprimer que l’essentiel, et non le superflu, seule la musique est chargée de véhiculer sentiments et émotions au public.
© Chloé Bellemère - OnP
La soprano italienne Eleonora Buratto qui débute à l’Opéra Bastille, maquillée et habillée selon les codes du maître américain, se plie sans difficulté apparente à ce théâtre ritualisé et à son jeu statique, froid et distancé, sans que sa voix au volume réduit et à l’expression monocorde ne parvienne à réchauffer l’ensemble. Après avoir entendu et admiré Diana Soviero, Svetla Vassileva, Ana Aria Martinez et surtout Ermonela Jaho – qui pourtant était loin d’être convaincue par cette mise en scène – se jeter à corps et à voix perdus dans ce rôle magnifique de femme et de mère désespérée, la prestation d’Eleonora Buratto tient de la non-performance. Son timbre sec et sans séduction, son aigu serré et esquissé, son manque de chaleur et de générosité et ce dans les passages les plus poignants (duo avec Sharpless, retour de Pinkerton) en font une Butterfly au goût d’inachevé. Notez que le rôle-titre sera tenu par Elena Stikhina du 10 au 25 octobre.
© Chloé Bellemère - OnP
Aude Extremo s’empare avec douceur et dignité du rôle de Suzuki, Stefan Pop s’affirme comme l’un des meilleurs Pinkerton actuel, chanté avec ce qu’il faut de conviction et de nuances, alors que Christopher Maltman se montre curieusement assez banal en Sharpless. Reste Carlo Bosi honorable Goro, Andres Cascante superbe Yamadori, Vartan Gabrielian imposant Zio Bonzo, Sofia Anisimova élégante Kate Pinkerton, sans oublier l’enfant de Butterfly à la fois mime et danseur, qui réalise une bien jolie prestation.
Peu inspirée par ce drame puccinien héritier du vérisme, Speranza Scappucci peine à irriguer un récit tout en douleur et en exaltation, à gérer les constants changements de climats à vif et à conférer à cette partition novatrice son troublant lyrisme. Trop incertaine dans ses tempi, sa direction traîne en longueur et ses musiciens ne sont pas toujours en place notamment pendant la mort de Cio Cio San. Gageons au moins que ces imperfections n’apparaîtront plus lors des prochaines représentations.
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Giacomo Puccini : Madame Butterfly – Paris, Opéra Bastille 14 septembre ; prochaines représentations 17, 22, 25 et 28 septembre, 1, 6, 10, 13, 16, 19, 22, 25 octobre 2024 / www.operadeparis.fr/saison-24-25/opera/madame-butterfly
Photo © Chloé Bellemère - OnP
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