Créée en 2001 et déjà reprise en 2006, cette production de Madame Butterfly signée Alain Garichot n’a pas pris une ride. Sa mise en scène très épurée et subtile, proche des estampes et de l’univers théâtral japonais, comme les lumières diaprées de Marc Delamézière, permettent de se concentrer sur le drame puccinien. Jean-Yves Ossonce se love dans les méandres de la partition avec élégance stylistique, sensualité et sens aigu des enchaînements, secondé par une phalange tourangelle totalement investie et des chœurs préparés avec soin par Iñaki Encina Oyón.

© François Berthon

Anne-Sophie Duprels transcende un rôle-titre qu’elle a chanté plus de cent fois sur les scènes internationales. Par sa retenue dans l’émotion, la noblesse de ses attitudes, sa manière d’habiter les silences, elle incarne une Cio-Cio-San profondément humaine, touchante jusqu’à tirer des larmes dans sa pureté sacrificielle finale. A son côté, Delphine Haidan retient l’attention par la tendresse qu’elle sait transmettre et la plasticité de sa voix.
Pinkerton de belle stature, le ténor Avi Klemberg peine quelque peu à colorer son chant et ne trouve vraiment ses marques qu’au dernier acte. En revanche, Jean-Sébastien Bou excelle en Sharpless par sa profondeur, son aisance et son lyrisme généreux, tandis qu’Antoine Normand, comédien hors pair, campe un Goro très expressif.
Les seconds rôles complètent avec bonheur la distribution : l’Oncle Bonze imposant et inquiétant de François Bazola, le Commissaire sans ostentation de Ronan Nédélec ou encore l’apparition fugace mais remarquée de Pascale Sicaud-Beauchesnais en Kate Pinkerton.
 
Pour ce début de saison – la dernière pour Jean-Yves Ossonce après seize ans de bons et loyaux services marqués par une constante inventivité –, l’excellence s’est une fois de plus invitée à l’Opéra de Tours.
 
 
Michel Le Naour
 
Puccini : Madame Butterfly - Tours, Grand Théâtre, 13 octobre 2015
 
Photo © Fr. Berthon