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Marseille - Compte-rendu : L’Orchestre des Jeunes de Provence, le concert inattendu du dimanche
Non loin du Conservatoire Pierre Barbizet, la jolie église de Notre Dame du Mont est connue pour ses rendez- vous musicaux de qualité. Dans ce ‘village’ typiquement marseillais, comment ne pas être stupéfait et ému en découvrant la plaque commémorative qui orne le mur extérieur de cette paroisse ! Un certain Frédéric Chopin est venu jouer de l’orgue en ces lieux. C’était le 24 avril 1839, lors des obsèques de son ami le ténor Adolphe Nourrit. Chopin et Georges Sand revenaient alors de Majorque. L’histoire ne dit pas si il a interprété sa bouleversante Marche Funèbre, terminée au cours de l’été 1839… une enquête s’impose !
Autour d’un programme romantique, l’Orchestre des Jeunes de Provence a investi l’église en ce dimanche 22 janvier 2006. Deux chefs invités, Marianik Charpin, fondatrice de l’OJP et véritablement complice de ces jeunes musiciens, puis le talentueux Gallian Ressort dans l’œuvre finale. Créé en 2003 et regroupant des jeunes musiciens issus des conservatoires de la Région, cet ensemble en devenir a su séduire son public en montrant un réel potentiel. Initialement composée pour le piano, la Suite Holberg op.40 de Grieg, insuffle dès le Prélude une grande fraîcheur, servie par une belle tenue des cordes et un son pur de la part du premier violon. Des couleurs juste ébauchées trahissent une timidité de part et d’autre.
Intitulée Le Départ, l’œuvre de Jean Michel Cournelle a été composée en 1977 alors qu’il n’était âgé que de seize ans. Surprenante page reflétant les états d’âme d’un adolescent après le départ de l’être aimé. Après la plénitude en présence de cet amour, s’installe le spleen puis la révolte. Sans être révolutionnaire, la structure même du morceau est intéressante. Un thème court discret, en fond de toile, et différentes lignes mélodiques s’imbriquent les unes aux autres sans heurt. L’amplitude sonore empreinte de nostalgie laisse naître un sentiment de sérénité.
Changement de tableau avec la Sérénade op.48 de Tchaïkovsky. Une version marquée par un crescendo fluide et une belle unité expressive d’ensemble. A l’inverse, la Valse triste, extrait de Kuolema la Mort op.44, de Sibelius se traîne, languissante et tombe dans la mièvrerie. Bien loin du niveau atteint avec la difficile Symphonie Inachevée de Franz Schubert. Un véritable piège tant elle est jouée, voire rabâchée, un peu partout dans le monde. Musicien complet, le jeune Gallian Ressort a indéniablement une présence face à ses musiciens et ses interventions, sobres, vont à l’essentiel. Le premier mouvement explore un lumineux lyrisme et un développement aux accents dramatiques, sombres et profonds. Le deuxième est également de la même veine avec une large palette de sonorités - un climax sensible - des phrasés maîtrisés et des transitions nuancées.
Un seul bis, une nouvelle version transfigurée de la Valse triste, davantage enlevée et incisive, illustrant bien l’idée selon laquelle le chef d’orchestre est le « metteur en scène » de la musique.
L’Orchestre des Jeunes de Provence, le 22 janvier 2006, Eglise ND du Mont.
Florence Michel
Photo : DR
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