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Metz - Compte-rendu : Un Caïd un peu vert
Metz fêtera en 2011 le bicentenaire de l’enfant du pays, Ambroise Thomas, avec une nouvelle production de Mignon. Dans l’attente de cet événement, une biennale Ambroise Thomas est organisée avec moult manifestations, et profite de la recréation du Caïd pour rendre un hommage à Pierre Jourdan et au Théâtre Français, dont l’Opéra-Théâtre de Metz, si les pouvoirs publics voulaient bien se pencher sur le dossier, pourrait être le digne successeur.
Le Caïd fut créé à Metz le 23 mai 1849. A l’écoute de cette musique pétillante et d’une grande fraîcheur, on perçoit derrière chaque barre de mesure l’ombre de Rossini. Jacques Mercier connaît sur le bout des doigts le style qui convient à la musique française. Les cordes virevoltent, la petite harmonie gazouille et le pupitre des cuivres, complété par des cors majestueux, sait parer la partition de sombres couleurs sans alourdir le discours musical. Tout le monde s’amuse et la folie qui se dégage de la fosse est communicative pour la grande joie du public qui trépigne d’aise sur son fauteuil.
La distribution fait la part belle à de jeunes chanteurs qui manquent d’expérience pour défendre une partition des plus exigeantes. Nathalie Gaudefroy, possède la fraîcheur qui sied à Virginie. Si la voix est dotée d’une grande facilité, le médium manque de corps pour rendre justice à la complexité de l’écriture. Richard Bousquet, Birotteau, au timbre d’une grande légèreté, est plus difficile à classifier. S’agit-il d’un ténor, d’un baryton martin ? Les graves sont sonores, le médium corsé, mais malheureusement les vocalises manquent de souplesse - péché de jeunesse sans doute.
Tout autre est le cas de Shadi Torbey qui tient le rôle de Michel (Tambour major). Comédien habile aux graves somptueux, il se révèle malheureusement incapable de vocaliser parfaitement, ce qui est un comble dans un rôle où l’agilité est primordiale. Sarah Vasset incarne une Fatima au timbre de velours, qui, dans son air d’entrée, tient la salle sous le charme. Jean-François Monvoisin réussit avec brio sa reconversion en ténor bouffe, celui qui fut in loco un magnifique Don Carlo campe ici un Ali-Bajou truculent, aux aigus d’une belle solidité. Il forme avec Jean Loup Pagesy, Aboul y Far (le Caïd) aux graves profonds, à la ligne de chant parfaite et aux vocalises d’une grande perfection, le couple vedette de cette soirée, seul capable de rendre justice à l’écriture complexe d’Ambroise Thomas.
Une soirée en demi-teinte donc. Seule une distribution chevronnée aurait pu faire briller cette partition de caractère très rossinien.
Bernard Niedda
Opéra-Théâtre de Metz, 30 novembre 2007
Photo : DR
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