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Metz - Compte-rendu : Une Belle Hélène bien trop sage

L’Opéra Théâtre de Metz a confié à Robert Pisani la mise en scène de La Belle Hélène. Son approche de l’ouvrage le plus débridé d’Offenbach s’avère bien sage et sans aucune fantaisie, malgré ses déclarations dans l’avant-programme.

L’entrée des Rois tombe à plat, les finales manquent de folie, et, ce qui est un comble, les protagonistes sont dépourvus d’abattage. Heureusement que du côté de l’orchestre, le chef, Christophe Talmont, donne de la partition du « Mozart des Champs-Élysées » une exécution délicate, avec de belles nuances et des contrastes, faisant la part belle aux finales endiablés. Mais pourquoi se croit-il obliger de ponctuer la Valse entracte du second acte de ralentis plus que téléphonés qui nuisent à la fluidité du discours musical ? Et pourquoi, dans une production qui se veut philologique (l’édition Keck a été retenue), coupe-t-on le chœur qui ouvre le 3ème Acte ? Si les superbes décors d’Éric Chevalier, inspirés de la peinture d’Alma-Tadema, n’excluent pas certains clins d’oeil, tel l’Opéra Garnier dans le paysage lointain de Sparte, et les célèbres planches de Deauville à Nauplie, station balnéaire à l’acte III, les costumes de Frédéric Pineau manquent totalement de fantaisie.

Isabelle Cals (photo) incarne une Hélène pleine de charme à la sensualité débordante, mais dont il faut bien reconnaître le manque d’abattage. Nicolas Gambotti, après un premier acte laborieux (« Au Mont Ida »), la voix se chauffant progressivement, interprète avec une rare élégance les couplets de Pâris « Je la vois » et enlève la Tyrolienne avec panache. Calchas drôle et sans surcharge de Jean-François Vinciguerra, qui, dans la scène du « jeu de l’oie », occupe l’espace avec faconde. Yvan Rebeyrol et Jean-Philippe Corre campent pour leur part deux Ajax très séduisants.

Le reste de la distribution donne hélas l’impression de s’ennuyer prodigieusement. Ménélas terne de Christophe Crapez, qui n’arrive même pas à soulever un sourire dans la salle lors de la découverte de son infortune. Agamemnon sans charisme, et, qui plus est, ratant son entrée, de Jean-Marie Delpas. Achille sans aura de Jean-Pascal Introvigne, qui semble croire que pour faire rire il suffit de gesticuler et de forcer son chant. Venons-en au pire avec Oreste. Qu’on le distribue à un ténor, pourquoi pas, cela permet à un jeune artiste de faire ses débuts. Mais pourquoi le confier à Jean-Louis Poirier qui a largement dépassé la date de péremption ?

Divertissement agréablement réglé par Patrick Salliot ; mais n’y a-t-il pas chez Offenbach d’autres musiques que le sempiternel Galop d’Orphée aux enfers ? Chœur homogène et chantant, malgré un faux départ chez les sopranos au début du 1er Acte. Dire que dans les années soixante-dix, Antenne 2 avait baptisé sa série « Les Folies Offenbach ». Il y a loin ici de la coupe aux lèvres.

Bernard Niedda

Opéra-Théâtre de Metz, le 10 février 2008

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Photo : DR
 

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