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MUSIQUE A BORDEAUX - Isabelle Masset, directrice adjointe de l’Opéra de Bordeaux – « L’artiste est au centre »

Longue histoire que celle d’Isabelle Masset avec l’Opéra de Bordeaux. Elle y est en effet entrée en 1991 et, exceptée une parenthèse de cinq ans (2001-2005) partagée entre Nancy et Strasbourg, y travaille depuis. « Je n’ai pas hésité un instant lorsque, alors que j’étais à Strasbourg, Thierry Fouquet m’a proposé de revenir à Bordeaux, se souvient-elle.» La directrice adjointe responsable de l’administration artistique, est un élément essentiel de l’équipe de T. Fouquet, avec lequel elle travaille en étroite collaboration.
 
Isabelle Masset aime la vie du théâtre « où tellement de choses se passent». Elle revendique son statut de personne « de l’ombre », occupée par les plannings des saisons futures comme par les aléas du quotidien. C’est le cas ce 20 février quand nous la retrouvons dans son bureau, les traits tirés mais soulagée : elle vient de sauver la deuxième représentation de La Damnation de Faust en remplaçant Eric Cutler, grippé, par Michael Spyres que l’Opéra Comique, où le ténor répète Le Pré aux Clercs, a accepté de libérer.
 
Thierry Fouquet et son adjointe sont sur la même longueur d’onde : « la caractéristique de l’Opéra de Bordeaux est de faire confiance à de jeunes chanteurs, explique I. Masset. Thierry et moi sommes très tournés vers les Etats-Unis, où divers Young Artists Programs nous ont permis de découvrir de jeunes voix, ça a été également le cas au Festival de Santa Fe. Nous avons ainsi fait venir à Bordeaux des artistes tels que Steven Costello, Isabelle Leonard, Elza van den Heever. »
Attentive à ce qui se passe outre-Atlantique, la directrice adjointe l’est aussi de la France, à commencer par Bordeaux. «Nous avons un excellent Conservatoire, où enseignent Maryse Castets et Sharon Coste, et c’est là qu’il y a quelques années nous avons repéré Thomas Dolié ou Florian Sempey. »

Découvrir et ensuite construire, avec les chanteurs et avec leurs agents : «je ne fais pas partie des gens qui crachent sur eux, insiste I. Masset. J’ai travaillé autrefois dans un bureau d’impresario, je sais ce qu’il en est. Les agents, quand ça va, on les oublie et, quand ça ne va pas, c’est toujours de leur faute. Il n’empêche que, quand des problèmes se posent, on est heureux trouver des gens qui nous aident à sortir de l’ornière. Je respecte les agents et ils le savent. »

Le goût de la découverte de l’Opéra de Bordeaux, les relations privilégiées qu’il tisse avec certains artistes s’illustrent aussi par les prises de rôle dont il est le cadre. Ainsi par exemple de Mireille Delunsch pour Jenufa en 2010 ou Salomé en 2013 et, en ce moment, de Nicolas Courjal pour le Roi Marke dans le Tristan qu’a mis en scène Giuseppe Frigeni.
 
La présence de Paul Daniel à la direction musicale de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine depuis 2013 comble à l’évidence I. Masset. « Paul aime le théâtre, aime les chanteurs », souligne-t-elle, heureuse que l’attitude du chef corresponde à sa vision. « L’artiste est au centre, c’est n’est pas un objet. Chez nous les artistes disposent de bonnes conditions de travail et se sentent aimés. Je me plais à le croire et je m’efforce de faire en sorte qu’il en soit ainsi. »
 
Femme de goût, de caractère et de dialogue, la directrice adjointe se réjouit de la résidence de Pygmalion à l’Opéra national de Bordeaux. « Pygmalion ? Un vrai bonheur ! Ce que j’aime dans la collaboration avec Raphaël Pichon, c’est son goût des voix ; j’aime les voix qu’il amène, j’aime être stimulée par l’intelligence aiguë d’un tel musicien. » I. Masset n’est pas la moins impatiente de découvrir le Dardanus que le jeune chef s’apprête à diriger ...
 
Alain Cochard
(Entretien avec Isabelle Masset réalisé le 20 février 2015).
 
www.opera-bordeaux.com

Photo © Philippe Taris

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