Abbaye de Royaumont, un beau dimanche de fin d’été : devant la scène montée pour le premier week-end consacré à la danse sur la grande pelouse devant l’abbaye, une vingtaine de personnes, pour moitié des enfants, s’échauffent, gesticulent avec bonheur, sous la houlette de Mathilde Vrignaud, une artiste issue du programme « Prototypes » – l’Académie chorégraphique de Royaumont. Ce sont les participants au deuxième des ateliers parents-enfants que l’Abbaye propose chaque dimanche tout au long du Festival 2018, en écho à la programmation.
 
Ce 2 septembre (à 11h), l’intitulé est « Danse au jardin », un sujet que Mathilde Vrignaud a déjà abordé dans l’un de ses spectacles jeune public, « Jardin d’idées », et après cette première prise de conscience corporelle, toute la troupe se déplace au « carré magique » du jardin potager, un lieu interactif doté d’un dispositif sonore, installé par le compositeur Jean-Luc Hervé, grâce auquel musique et mouvements se répondent de façon ludique et créative, profitant également des odeurs, des couleurs du jardin.

De la chasse aux sons ... @royaumont
 
Longs d’une heure environ, les ateliers sont pensés comme le prélude à des spectacles auxquels parents et enfants sont ensuite invités à assister. Ainsi donc, tout au long du festival, les enfants peuvent-ils découvrir les grands thèmes de la programmation de Royaumont : la danse, les musiques d’aujourd’hui (à travers le violon, le 9 septembre), celles venues d’ailleurs (le flamenco sera au menu le 15 septembre), mais aussi le grand répertoire  – Claude Debussy tout particulièrement cette année (23 septembre) – et la musique baroque (6 octobre). Enfin l’artisanat d’excellence lié à Royaumont et à ses pratiques ne sont pas oubliés avec deux ateliers (16 septembre) ; l’un consacré à la facture instrumentale, l’autre ... à la taille de pierre !
 
Les ateliers pour enfants sont quasi indissociables de l’histoire du festival ; ils datent du milieu des années 90, ont pris différentes formes au cours du temps – d’aucuns se souviennent sans doute de «  L’Abbaye aux enfants ». Depuis toujours, l’accent y est mis sur la découverte active de leur objet par le jeune public. Véritable lieux de recherche et de réflexion, ces rendez-vous sont en effet conçus comme « une école du spectateur, explique Marina Zinzius (directrice du Pôle action territoriale et des publics de Royaumont), et ont inspiré de nombreuses expériences similaires ailleurs. Nous n’avons pas fait le choix d’une garderie qualitative pendant que les parents sont au concert. Nous avons cherché à privilégier, soit de vrais temps de partage parents-enfants, soit, pour les plus grands, des ateliers qui préparent à la découverte d’un concert ou d’un spectacle en famille. L’enjeu, comme dans l’atelier autour du violon, qui fait appel à des technologies innovantes permettant au public de devenir musicien sans la contrainte de la technique instrumentale, c’est de permettre véritablement de toucher ces pratiques ensemble, cette écoute collective, en adaptant le médium aux possibilités de chacun ».

... à la taille de pierre (attention aux doigts !) @royaumont.fr
 
Depuis deux ans, grâce à de nouveaux mécénats, l’Abbaye offre un atelier par mois, en explorant davantage le patrimoine et les métiers d’art durant l’hiver, le jardin avec la venue du printemps et l’été. La musique et la danse ont toute leur place pendant le festival, la présence des artistes en résidence ou invités permettant de proposer jusqu’à deux ateliers par week-end. Ce qui fait l’originalité de l’offre de Royaumont, que partagent d’ailleurs d’autres lieux, c’est la présence pour ces ateliers non pas de médiateurs, aussi expérimentés soient-ils, mais d’artistes ou d’artisans professionnels, ou encore d’associations qui mettent leur savoir-faire et leur expérience au service du jeune public. Chaque contenu est donc pensé par des spécialistes qui conçoivent, sur mesure, en écho à la programmation et au site, des modules permettant aux plus jeunes d’appréhender la richesse de l’offre culturelle et de s’ouvrir à des domaines complexes.
A Royaumont règne l’harmonie ; on le sent dès que l’on franchit l’entrée et que l’on s’avance vers l’élégante  architecture de l’Abbaye. Lieu d’histoire, il y règne une merveilleuse poésie née des secrètes correspondances entre les sons, les senteurs, les lignes et les mouvements. Un cadre unique, propice à l’éveil des sens à la beauté et l’art ; les ateliers jeune public y contribuent grandement.
 
Dominique Boutel

Abbaye de Royaumont – Asnières-sur-Oise
 
Festival de Royaumont, jusqu’au 7 octobre 2018 / www.royaumont.com
     
 
- 9 septembre (16h30) : « Au son du violon », avec la musicologue Emmanuelle Lizère et la compositrice Ariadna Alsina Torres
- 15 septembre (15h) : « A la découverte du flamenco », avec la danseuse Karine Gonzales et le guitariste Dani Barba Moreno
 
- 16 septembre (15h) : « Histoires de guitares », avec le luthier Regis Sala
- 16 septembre (16h) : « L’atelier du tailleur de pierres » avec le tailleur de pierre Gaël Petrissard
- 23 septembre (15h) : « Dans l’atelier de Monsieur Croche », avec la chef de chœur Marianne Seleskovitch et le pianiste et improvisateur Jerôme Barbier.
- 6 octobre (16h) : « La nature en musique au temps des Couperin, avec les hautboïstes Neven Lesage et Gabriel Pidoux