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Nantes - Compte-rendu - une Belle Hélène chic et choc


Quelle est classieuse cette Belle Hélène selon Mariame Clément, transposée avec bonheur dans le Hollywood de l’entre-deux-guerres, avec son poétique noir et blanc et son ingénieuse et légère réécriture des dialogues, juste quelques touches d’une actualité éternelle finement mises en bouche par la plume complice d’Hélène Delavault.

Offenbach et sa musique horlogère ne veulent au fond que cela, de l’élégance toujours de l’élégance, jusque dans la charge, jusque dans l’appui, une manière de sourire au lieu de rire qui rappelle que son dieu était Mozart. Magnifique, enthousiasmant, grisant comme un très grand champagne, avec une fantaisie désopilante, et bien souvent de la poésie.

On aime l’Hélène de Stéphanie d’Oustrac, idéalement sensuelle et boudeuse, fille assurément de Léda, on aime le Pâris beau gosse et jamais infatué de Sébastien Droy, chanté avec charisme et simplicité, on craque devant la composition millimétrée du Chalcas de Franck Leguérinel qui sait jusqu’où aller avec une virtuosité étourdissante, et plus encore devant le Ménélas très subtilement croqué par Steven Cole, magna à cigare toujours prêt pour un fox trot et entêté dans son bon droit. Quel métier, cet art d’être impayable sans en rajouter.

Tous sont parfaits, tous forment ce que pour quoi Offenbach vivait, l’intimité et le brio, la tendresse et la fantaisie, le subtil bordel des troupes de théâtre. Et même dans la fosse, Hervé Niquet nous offre de belles surprises, impeccable de style, très allant, ne surlignant rien mais entraînant tout, il dirige scrupuleusement son plateau et fait toujours de la musique de haut vol.

C’était pour Offenbach, dans le cadre si enjôleur de Graslin, une vraie fête et Mariame Clément nous doit vraiment un jour ses Contes. On les espère, on les réclame et on attend beaucoup d’une Platée annoncée par l’Opéra du Rhin : les fantaisies de Rameau et d’Offenbach ne sont pas si éloignées que cela.

Jean-Charles Hoffelé

Jacques Offenbach, La Belle Hélène, Nantes, Théâtre Graslin, le 21 novembre, puis les 23, 25, 26 et 28 novembre, puis à Angers, au Quai, les 5 et 7 décembre 2008.


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Photo : DR

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