Les temps changent décidément. Qui aurait cru tout un programme de musique britannique du XXe siècle possible où que ce fût en France voici encore quelques années ? Et composé par rien moins que trois chefs-d’œuvre.

La tempétueuse Sixième Symphonie écrite par Ralph Vaughan Williams (1872-1958) dans le sillage de la deuxième guerre mondiale et qui fut créée en 1948 vous saisira par son orchestre ravageur, tour à tour péremptoire ou sarcastique comme dans son scherzo cauchemardesque avec son saxophone moqueur qui semble marcher au pas de l’oie. Ce sera assurément pour le public mélomane de la Halle aux Grains une révélation. 

Mariage évident avec Benjamin Britten dont l’art d’orchestrateur doit beaucoup plus qu’on ne le croit à Vaughan Williams. Les Interludes marins de Peter Grimes sont plus courus, leur admirable orchestre évocateur ouvre autant d’horizons saisissants, vivants décors pour un drame.

Vilde Frang / photo © Sonja Werner

Le centenaire  de la naissance de Britten a remis sur le devant de la scène quelques partitions jusque-là négligées et au premier chef l’éloquent Concerto pour violon écrit alors que montait le péril nazi et que l’Espagne s’enfonçait dans la guerre civile. Grand concerto virtuose destiné au violoniste espagnol Antonio Brossa, certes, mais aussi une œuvre à l’impact quasiment physique, commencée dans un murmure de percussion, puis progressivement emplie d’une tempête fantasque.

C’est la jeune violoniste norvégienne Vilde Frang qui relève le défi de cette partition si exigeante, sous la baguette de Nicholas Collon, étoile montante de la nouvelle direction anglaise, qui délaisse de plus en plus souvent son Aurora Orchestra tant les invitations le sollicitent à parcourir la planète. L’Orchestre du Capitole a décidément du flair pour dénicher les talents d’avenir.

Jean-Charles Hoffelé

Orchestre National du Capitole de Toulouse, Nicholas Collon (dir.), Vilde Frang (violon)
Œuvres de Vaughan Williams et Britten
26 avril 2014 – 20h
Toulouse - Halle aux Grains
onct.toulouse.fr

Photo Nicholas Collon © Benjamin Ealovega