2022 fête le bicentenaire César Franck et l’on ne peut que s’en réjouir. Une publication du label Klarthe (1) vient toutefois nous rappeler que l’année en cours marque aussi le centenaire d’Odette Gartenlaub (1922-2014).

Brillante pianiste, élève de Marguerite Long, la jeune femme, s’engagea finalement dans une carrière de compositrice, sans pour autant renoncer à se produire en public, ni à enregistrer. Après les difficiles années de guerre (qui virent son exclusion du Conservatoire en 1942 en raison de sa judéité), Odette Gartenlaub reprit le cours de ses études de composition. Fasciné par ses « admirables dons », Messiaen tenta de l’attirer dans sa classe, mais c’est finalement auprès d'Henri Büsser puis de Darius Milhaud qu’elle travailla. Elle obtint un Second Grand Prix de Rome en 1947 et le Premier Grand Prix l'année suivante — grand ami d'Odette Gartenlaub, Georges Delerue se partageait quant à lui le Second avec Jeanine Rueff.
 

Sachons gré à l’association des amis d’Odette Gartenlaub d’avoir permis la publication d’un disque où se révèlent trois partitions de la première période de l'artiste captées en concert : son très réussi Concerto pour flûte (1955), enregistré en 1962 par Raymond Guiot et Manuel Rosenthal, et non moins séduisants, le Concerto pour piano (1957), défendu par l'autrice (et remarquable pianiste !) et Désiré Émile Ingelbrecht en 1958, et Mouvement symphonique, enregistré lors de sa création sous la direction du chef précité, en 1955 au TCE.
 
« Il y a l’envie d’écrire et le besoin d’écrire. J’avais les deux », affirmait Odette Gartenlaub. S’il est une notion qui vient à l’esprit en écoutant les trois œuvres puissantes, concentrées et richement orchestrées qui occupent le disque c’est bien celle de nécessité intérieure. On ne peut que conseiller aux mélomanes curieux d’y prêter l'oreille la plus attentive. Aux mélomanes et aux interprètes, flûtistes en particulier, qui tiennent avec le Concerto de l’artiste française un ouvrage d’importance qui mérite de trouver sa place au concert.
 
Alain Cochard