Journal
Orchestre des Jeunes d’Île-de-France – Enthousiaste départ (et bientôt en terre baroque ! ) – Compte-rendu
Porté sur les fonts baptismaux le 2 juillet 2016, l’Orchestre de Jeunes d’Île-de-France n’avait donné qu’un programme l’année dernière (avec la Symphonie « Titan », tout de même ...). C’est à une vraie saison que peut cette fois se consacrer une phalange fondée à l’initiative d’étudiants du PSPBB (Pôle Supérieur Paris Boulogne-Billancourt) (1) et du CNSMD de Paris. Directeur du CRR de Paris (qui fait partie des forces réunies dans le PSPBB), Xavier Delette avait dès l’an passé ouvert les portes de son établissement à l’OJIF. On y retrouvé celui-ci il y a peu pour le démarrage d’une série « Mozart vs. Jolivet » (qui se prolongeait à Chaville et Clamart).
Camille Belin © Matthieu Joffres
Du Concerto pour piano n° 27 de Mozart, Camille Belin – une élève de Rena Shereshevskaya à l’Ecole Normale – tient la partie soliste et signe une interprétation pleine de tendresse, aussi exempte d’effet que lyrique. David Molard, directeur musical de l’OJIF, soigne le dialogue avec la pianiste et obtient de ses jeunes troupes les couleurs idoines (très beau Larghetto). En bis, La fille aux cheveux de lin de Debussy prolonge l’épisode mozartien avec beaucoup de naturel.
Seules les cordes sont sur le pont dans le Concerto pour flûte d’André Jolivet mais elles ont fort à faire et, là encore, on mesure la qualité du travail que le chef a mené avec ses instrumentistes. Cet orchestre vibre et vit avec un dynamisme et une imagination sonore remarquables ! De quoi porter le jeu très engagé de Ludivine Moreau (photo), dont la riche sonorité et l’élan rendent totalement justice à la partition. Présente dans salle, la fille du compositeur, Christine Jolivet, ne cèle pas sa satisfaction au terme de la soirée – on la comprend ... En bis, Les Folies d’Espagne de Marais montrent une flûtiste tout autant à son aise dans le répertoire baroque.
© Matthieu Joffres
« Jupiter » : le titre de la 41ème Symphonie de Mozart inspire à l’évidence un OJIF dont l’interprétation allie énergie, nervosité des attaques et luminosité dans une construction équilibrée. A chaque pupitre s’exprime l’envie de donner le meilleur de soi : David Molard fait son miel de toutes ces bonnes volontés – et de tous ces talents !
Courte parenthèse : que l’on aimerait que certains responsables politiques, pétrifiés par le prétendu « élitisme » de la musique classique et complices du juvénilisme dans ses expressions les plus médiocres, mais si « porteuses » – du moins le croient-ils – politiquement, assistent à de telles soirées. Pas mal de préjugés en sortiraient joliment bousculés !
Les musiciens de l’OJIF n’ont d’ailleurs pas prévu de s’arrêter en aussi bon chemin. La musique baroque les attire également et ils ont demandé au chef et cornettiste Christophe Dilys de prendre la direction du Collegium, une nouvelle branche de l’OJIF. Elle vise à permettre à de jeunes instrumentistes (et choristes) se destinant à la musique ancienne de travailler dans un cadre professionnel avec des musiciens aguerris, mais aussi à encourager les « modernes » à partager avec les « anciens » une approche et un mode de jeu différents.
Dès le 10 mars, à l’Oratoire du Louvre(2), on pourra juger des premiers fruits de cette initiative avec un programme Monteverdi, Corelli et Francœur.
Quant au volet moderne de l’OJIF, notez dès à présents sur vos tablettes le programme chambriste (Elgar Schönberg, Mendelssohn, Poulenc) qui se prépare (13 avril au CRR, 14 avril à Courbevoie).
Alain Cochard
(1) Site du PSPBB : pspbb.fr/fr/
(2) à 20h ( Concert en entrée libre)
Paris, CRR, Auditorium Marcel Landowski, 16 février 2017 / www.ojif.fr
Photo © Matthieu Joffres
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