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Orphée aux enfers à l’Opéra de Lausanne – La verve d’Olivier Py – Compte-rendu
Pour l’occasion des fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne se fait des plus festifs avec Orphée aux enfers dans une production à grand spectacle. Malgré sa renommée l’opéra-féerie d’Offenbach n’est pas si fréquent de nos jours ; c’est donc une manière d’événement que cette nouvelle production, d’autant qu’elle est confiée à Olivier Py. Tout juste sorti de Boris Godounov à Toulouse et fort d’une cinquantaine de réalisations lyriques, le metteur en scène ne s’était jusqu’à présent jamais attaqué à l’opérette (même s’il y a participé en tant qu’acteur). Il s’agit ainsi d’une première à tous points de vue – une manière d’entrée en matière peut-être pour le nouveau directeur du Théâtre du Châtelet ?
On doit saluer aussi une exécution musicale de haut vol servie par des interprètes de choix, au rebours d’opérettes trop souvent menées à la va-vite. Olivier Py et Arie van Beek ont retenu la version ultime de l’œuvre, remaniée et étoffée en 1874, avec toutefois quelques éléments de la version d’origine (de 1858) ; la grande fresque qui en résulte se prête avec ses vifs rebondissements au faste scénique. Py replace la trame, quand un Orphée joyeux à la recherche d’Eurydice trouve des enfers tout aussi guillerets, dans le contexte de son époque, sous Napoléon III avec ses allusions que le livret caricature. Les décors et costumes (de Pierre-André Weitz) correspondent, avec des attraits pimpants et changeants de loges de théâtre dans un théâtre sous des lumières vivement variées (de Bertrand Killy). Les mouvements endiablés se succèdent en correspondance avec les propos de l’œuvre, ponctués de retours réguliers de ballets virevoltants dans un cancan revisité (bravos aux danseurs de l’Opéra de Lausanne et au chorégraphe Ivo Bauchiero !). Touffu mais réglé avec une extrême précision dans ses impétueuses foules d’intervenants, le spectacle confine au luxe.
D’autant, comme nous disions, que l’interprétation musicale se situe au meilleur niveau, confiée à une équipe d’excellents chanteurs francophones. Samy Camps campe un Orphée d’envergure, élégiaque et emporté quand il faut. Marie Perbost lui répond d’une Eurydice d’ardent lyrisme. Julien Dran (Aristée et Pluton) et Nicolas Cavallier (Jupiter) participent avec faconde dans une vocalité bien dosée. Les autres seconds de cette nombreuse distribution ne sont pas en reste de séduisante expression et de beau chant, tandis que le Chœur de l’Opéra de Lausanne (dirigé par Patrick-Marie Aubert) s’élance royalement dans ses multiples interventions. A la tête du Sinfonietta de Lausanne en très belle forme, Arie van Beek soutient le tout de cette battue ferme dont il est coutumier, servi par l’excellente acoustique du théâtre. Grandiose et séduisant spectacle !
Pierre-René Serna
Offenbach : Orphée au enfers – Lausanne, Opéra, 23 décembre ; prochaines représentations : 27, 28, 29 et 31 décembre 2023 // www.opera-lausanne.ch
(En coproduction avec le Grand Théâtre de Tours et le Théâtre du Capitole de Toulouse.)
Photo © Jean-Guy Python
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