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Ouverture de saison de l’Orchestre de Chambre du Luxembourg – Une belle énergie collective – Compte-rendu
Les choses bougent à l’Orchestre de Chambre du Luxembourg. Après avoir été placée depuis 2012 sous la conduite du Belge David Reiland (que la France connaît désormais comme premier chef invité de l’Opéra de Saint-Etienne et qui prendra la succession de Jacques Mercier à l'Orchestre National de Lorraine à la rentrée 2018), la formation accueille à compter de cet automne un nouveau directeur musical en la personne du pianiste et chef autrichien Florian Krumpöck (photo). Fondé en 1974, l’OCL – fort d’une quarantaine d’instrumentistes – fonctionne sur le modèle d’un orchestre de projet dont la programmation est l’œuvre d’un tandem : le directeur musical d’une part, le pianiste Jean Müller de l’autre. Personnalité importante de la vie musicale luxembourgeoise, ce dernier assure en effet depuis deux ans la direction artistique de l’OCL et de son dialogue avec F. Krumpöck est née une saison 17/18 dont l’intégrale des Symphonies de Schubert constitue le fil rouge.
Orchestre de Chambre du Luxembourg © ocl.lu
Le cycle aura commencé par la 7ème Symphonie en mi majeur D. 729 (version B. Newbould), incluse dans un programme qui faisait en outre la part belle à la musique concertante pour piano(s).
A Mozart et son Concerto pour trois pianos en fa majeur, sous les doigts de Jean Muller, Florian Krumpöck et David Ianni, revient d’ouvrir la soirée. Ouvrage de commande, le KV 242 n’a que faire des inquiétudes métaphysiques. Musique synonyme de plaisir, elle trouve ici des solistes qui ne cherchent pas midi à quatorze heures. Leur propos direct, charmeur, insouciant, tendre aussi (bel Adagio) touche sa cible en plein mille, pour le plus grand bonheur de l’auditoire !
Jean Muller © Kaupo Kikkas
Jean Muller et F. Krumpöck abordent ensuite le Concerto pour deux pianos en mi bémol majeur KV 365. Pareil à une conversation amicale, plein de vie, il montre deux solistes en parfait accord, qu’il s’agisse d’approfondir, avec relief, l’esprit des mouvements vifs, ou de sculpter la phrase dans l’Andante, bien aidés par un accompagnement orchestral plein de chic.
David Ianni © Emile Hengen
Retour de David Ianni après la pause, dans le double rôle de pianiste et de compositeur. Formé à Londres puis au Conservatoire de Maastricht, l’artiste luxembourgeois a entamé une carrière d’interprète (à 16 ans il jouait le 2ème Concerto de Liszt avec l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg) avant de ressentit le besoin d'emprunter une autre voie pour se consacrer à la composition (on relève pas mal d’incursions de sa part dans le domaine de la musique sacrée, dont Chant-Amor et Passio et Chant-Stabat Mater en 2011-12).
The Cloud of Unknowing pour piano et orchestre figure, en création mondiale, au programme du concert inaugural de l’OCL. En cinq sections (Into Silence, Beyond the Stars, Mysterious Cloud, Wings of Hope, Timelessness), les deux premières uniquement orchestrales, la partition regarde vers le monde de la pop, de la musique américaine (Adams, Glass) aussi par son goût de la récurrence motivique. Lyrisme et sens de l’image distinguent une musique que D.Ianni et F. Krumpöck défendent avec un grand sens de la couleur et des atmosphères.
Schubert a le mot de la fin avec la 7ème Symphonie, sous la battue du maestro autrichien. Modèle de style et d’équilibre, son interprétation peut compter sur la belle énergie collective qui d’évidence anime l’Orchestre de Chambre du Luxembourg. Fluidité, homogénéité des cordes, richesse de l’harmonie (elle fait des merveilles dans l’Andante et le savoureux Scherzo !) : de l’Adagio introductif, d’une grande plénitude, au souffle de l’Allegro giusto final, F. Krumpöck et ses troupes rendent justice à une partition riche de prémices.
Prochaine étape du cycle Schubert de l’OCL le 10 décembre avec les Symphonies nos 1 et 6, entre lesquelles on découvrira une création de Camille Kerger sous l’archet de la violoniste Martha Khadem-Missagh.
Alain Cochard
Philharmonie Luxembourg (Grande Salle), 8 novembre 2017 / www.ocl.lu
Photo Florian Krumpöck © Philipp Horak
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